Histoire d'une caricature.
D'abord on attend, après on espère et enfin on se résigne. Ah! Et puis on s'ennuie aussi, on s'ennuie beaucoup durant ce film. Les petites filles gothiques s'habillent avec de longues jupes exclusivement noires, sont seules et détestées par leurs camarades, leurs copains quand elles en ont sont des connards sans cœur qui ne les comprennent pas, elles mettent du rouge à ongle noir et écoute de la musique qui crie. Mais elles sont bien trop intelligentes pour leur temps, elles veulent beaucoup plus que ce que ce monde veut leur offrir, elles lisent Stendhal, mais surtout Kleist et sont, comme lui, en quête d'absolu. Soit. Et il est donc tout à fait normal comme elles aiment tant la culture qu'elles écrivent leurs textos en abrégé, notez que le réalisateur ne nous épargne rien: vous êtes bel et bien venir voir un film qui traite du suicide, du suicide du bon goût. Les chambres des deux jeunes filles sont aussi assez exceptionnelles, on y voit des poupées pendues, des dessins « trashs » et des photos où les deux personnages ressemblent à s'y méprendre au Joker de Batman, que de références me direz-vous!
Tout cet aspect caricatural est fort dommage car l'interrogation portant sur les êtres en quête d'absolu est une question séculaire mais passionnante. L'adapter à notre monde contemporain est une affaire délicate qui méritait un travail esthétique différent et surtout plus profond, les plans centrés sur la lune m'ont semblé totalement ridicules, et surtout une réflexion portant sur qu'est-ce que l'absolu pour ces êtres, quelle conception ils ont de ce « tout » qu'ils revendiquent comme fin de leur existence aurait apporté incontestablement une grande qualité au film.