"On ne peut pas retirer les mots une fois qu'ils sont dits. On mourra avec."

Je sors d'une séance de Des Hommes. Vu au Studio Galande ce qui m'a rappelé de sacrés souvenirs.
A l'occasion de l'anniversaire de sa soeur Solange, Bernard-Feu-de-Bois vient lui offrir une broche somptueuse dont l'acquisition se discute.
C'est alors que s'engage une remontée dans le temps au moment où tout a aussi subtilement que violemment basculé, car mettre un voile d'oubli sur un tel trauma ne pouvait que resurgir avec violence.
Des Hommes est un film épistolaire, qui de temps en temps offre des couplets et des refrains et notamment celui-ci qui mérite qu'on y réfléchisse :



c'était les ordres



Fils cinématographique du roman de Camus L'Etranger, et adapté du roman éponyme de Laurent Mauvignier, le film de Lucas Belvaux a ceci d'important qu'il présente ce dont on ne parle jamais, ou rarement : la guerre d'Algérie. Ce que l'Education Nationale ne traite plus le cinéma s'en saisit. Et c'est très bien.
Alors certes, en 1h41, il fallut prendre un chapitre. Le plus simple, pour commencer est, effectivement, quand on n'a pas la prétention de l'historien ou du documentaire, de montrer ce qu'une guerre, et notamment celle-ci qui implique la France directement, peut faire sur des individus : ça les rend silencieux, absents ou fous.
Et c'est là où on se prend le réel en pleine figure, celui qui est indicible, inconcevable :



il n'y a pas de mot pour raconter ça



ou encore



c'est pas le tout de trahir



Solange, alias Catherine Frot et Bernard-Feu-de-Bois, alias Gérard Depardieu forment une fratrie tout à fait judicieuse.
Des Hommes est un film méritant et bouleversant, dérangeant et nécessaire.
Bonne séance !

Agyness-Bowie

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