Rugueux, lent, dépouillé de tout, ce long chemin vers une mort annoncée est glacial comme les montagnes qui servent d'écrin à cette histoire vraie, mais aussi plein de pitié et de compassion pour les hommes faibles ou moins forts... A regarder en forme cependant pour apprécier le déroulement traînant de cette chronique impitoyable de la vie et la fin d'une communauté de moines Cisterciens-Trappistes de Tibéhirine, en pleine Algérie dans les années 90, ( années de tueries et de massacres orchestrés par un GIA ivre de vengeance après avoir été floué de sa victoire aux élections), qui va se heurter au fanatisme religieux et aux manipulations politiques du pouvoir en place... Les doutes, les espoirs, les rêves et les menus plaisirs de cette vie monastique sont formidablement rendus à l'image et nous renvoient en pleine figure notre inconsistance d'enfants gâtés...
Le tout magnifiquement filmé et éclairé comme certains tableaux de la Renaissance, corps blancs et rustiques, simplicité des tâches, doutes et foi mêlés... Le travail au potager, l'aide donnée aux paysans malades, la participation aux fêtes familiales du village montagnard, les chants à l'unisson, les prières de ce petit monde hyper-ritualisé vont se retrouver confrontés à l'absurde violence d'un groupe armé de terroristes et aux doutes d'une agonie acceptée malgré tout.
Nous assistons à une longue montée vers une mort annoncée et dépouillée, sans pleurs et sans cris. La tension monte au fur et à mesure que la sérénité s'installe dans les cœurs de ces moines décidés à rester dans leur monastère, comme une vigie dans un monde de rage et de barbarie...
Même un athée militant comme moi peut y trouver un bouleversement et une compréhension de l'âme humaine tournée vers l'absolu...
" Laissez passer l'homme libre "