Pour le titre de cette critique, j’ai failli mettre « Insérer ici blague sur Xena » mais ç’aurait été à la fois trop obscur pour certains et surtout pas très approprié à l’ambiance générale qui se dégage de ce film mais jugez plutôt :
Lawless est un film se déroulant dans les années 1920 dans Etats-Unis de la Prohibition. Les frères Bondurant distillent leur propre alcool comme presque tout le monde dans le comté de Franklin, en Virginie. Pour remédier à ce problème local, l’agent spécial Charley Rakes est envoyé dans ces terres boisées afin de stopper la contrebande. Mais la légende des Bondurant est forte dans la région : il paraît qu’ils sont invincibles.
Malgré cette dernière phrase, ce film est un drame tout à fait terre à terre. La légende n’est là que pour amplifier le côté péqueneau des personnages à crédulité toute apparente. Ce côté péjoratif est tout à fait assumé par le film d’ailleurs. En fait, Lawless, c’est un peu comme si, dans la série Boardwalk Empire, on s’attardait le temps de quelques épisodes sur les producteurs locaux et non sur Enoch Thompson.
Ce qui fait la force du film, ce sont les personnages. Après tout, l’histoire n’a rien d’extraordinaire dans le fond : la prohibition, des gangsters, de l’alcool et la police. Mais les frères Bondurant ont un côté humain qui les rend attachants. Jack, le plus jeune, est frustré d’être considéré comme un moins que rien par ses grands frères et tente de voler de ses propres ailes ; Howard est une brute épaisse et c’est un personnage qui passe clairement au second plan ; enfin, Forest est le personnage central du film. Sur IMDB, on peut lire que Tom Hardy sortait du tournage de The Dark Knight Rises et c’est pour ça qu’il a une telle carrure ici. Pourtant, vues les capacités physiques de Forest, c’est complètement logique qu’il soit si large d’épaule. Le contraire aurait même été étonnant. Et ça lui donne également un côté pataud qui ajoute une légère touche humoristique. Il est si touchant quand il ne sait pas comment réagir face aux avances de Maggie (interprétée par la sublime Jessica Chastain – Note pour plus tard : s’intéresser de plus près à « The Help » ou « Take Shelter ». Et comment ai-je pu la rater dans la série Journeyman ???).
Mais je ne peux pas ne pas mentionner Guy Pearce. Pourtant, j’ai vu Memento, Le Discours d’un Roi et Démineurs mais je n’ai jamais trouvé qu’il se démarquait. Pour tout vous dire, j’ai beaucoup aimé Memento mais sans retenir le nom de Guy Pearce et je ne me souviens même pas de lui dans les 2 autres. Mais ici, il joue un agent spécial carrément détestable. Il a beau représenter la loi, on a envie que d’une chose : que Forest lui scalpe sa chevelure à la raie du milieu si parfaite ! Le dédain et le côté hautain, magnifiés par une scène dans sa chambre d’hôtel si courte mais si parlante, qui se dégagent du jeu d’acteur de Guy Pearce font que je ne les oublierai pas de sitôt, ni l’acteur ni le personnage.
Pour moi, l’ambiance de cette Amérique profonde d’il y a 100 ans et le caractère attachant des personnages principaux font qu’on a vraiment envie de savoir ce qui va se passer ensuite. Le côté sérieux, presque dramatique, du film vient parfois être bousculé par une pincette d’incroyable (au sens premier du terme) qui déroute le spectateur. Après tout, rencontrer une légende vivante, ça n’arrive pas tous les jours et c’est qu’il doit bien y avoir une part de vérité, non ?