La possibilité d'une île
Cadre surendetté et au bord du burnout, Kim se jette d'un pont en plein coeur de Séoul. Il échoue sur une île à quelques centaines de mètres de la tour qui l'employait, mais sans possibilité de...
le 19 déc. 2015
39 j'aime
8
Oh, qu'il fait du bien et vient à point nommé ce petit film coréen en cette période compliquée. Depuis quelques mois, mon amour pour le cinéma asiatique ne cesse de grandir. L'horriblement nommé Des nouilles aux haricots noirs vient confirmer la tendance.
Imaginez, vous venez de perdre votre petite amie, votre travail, et votre banque vous appelle pour vous signaler que vous êtes endetté. Deux solutions s'offrent à vous. Soit, vous allez au pôle emploi local en espérant trouver un travail et conjointement trouver là bas une petite amie riche qui vous aidera à éponger vos dettes. Soit, vous sombrez et votre seule issue est une mort certaine en vous jetant d'un pont tout en sachant que vous nagez comme une pierre et donc que vos chances de survie sont égales aux chances de la première solution. Cette histoire, c'est celle de Kim Seung Keun, jeune coréen qui choisit la seconde option. Par un concours de circonstances, il se retrouve échoué sur une île déserte au pied du pont qu'il venait d'enjamber. Par miracle ou facilité scénaristique, son téléphone est encore en état de marche malgré l'infime restant de batterie qu'il lui reste. Cette dernière chance il l'épuise en appelant la personne la moins à même à lui venir en aide, son ex. Brillante idée.
Ce film est drôle et touchant à la fois. On se prend à avoir de l'empathie pour ce Robinson Crusoe complètement gauche des temps modernes. Il comprend que la mort ne veut pas encore de lui et se met donc en tête que son futur se fera sur ce bout de terre. Les cinéastes asiatiques ont vraiment le don de rendre drôle des situations difficiles, comme dans le génial Memories of murder.
Ici, la question de la solitude est abordée avec un ton complètement décalé. On s'amuse à voir ce loser récolter tous les débris existants, à pêcher des poissons en décomposition que le fleuve pollué a rejeté, à faire un potager avec les fientes des oiseaux qui s'amusent à lui chier dessus...Le film porte un message écologique. Pour survivre Kim récupère tous les déchets, donc une partie de lui même, que la ville recrache.
Si je dis que ce film est touchant, c'est parce qu'une personne vient, dans un premier temps, indirectement rendre visite à notre Robinson et ainsi rompre sa solitude. Une rencontre entre deux personnes que tout oppose. D’un côté, un ex cadre à la vie faussement remplie. De l’autre, une jeune femme recluse chez elle, conséquence de la pression du monde extérieur et dont la seule véritable passion est de prendre des photos de la lune, seul endroit où il n'y a personne. Ces deux âmes perdues vont tisser un lien original grâce au matériau sur lequel Kim a posé involontairement ses bagages. Un fil invisible qui va pousser la jeune femme à se surpasser pour rencontrer ce qu'elle pense, dans un premier temps, être un extra terrestre. Alors oui, dis comme ça, ça s'apparente à une mauvaise comédie romantique comme savent aussi le faire les asiatiques. Sauf qu'ici, rien n'est amené à la truelle. Il y a multitudes de petites idées bien pensée, comme la façon dont la jeune femme va correspondre avec son nouveau compagnon de jeu. Jusqu'à une fin prévisible mais émouvante.
Au final, Des nouilles aux haricots noirs est un petit film, en termes de budget, qui se révèle être drôle, touchant, intelligent, et en même temps réussit à porter une vraie réflexion sur notre style de vie citadin. Une petite pépite à dévorer comme un plat de nouilles aux haricots noirs. Sans modération.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 20 avr. 2020
Critique lue 182 fois
D'autres avis sur Des nouilles aux haricots noirs
Cadre surendetté et au bord du burnout, Kim se jette d'un pont en plein coeur de Séoul. Il échoue sur une île à quelques centaines de mètres de la tour qui l'employait, mais sans possibilité de...
le 19 déc. 2015
39 j'aime
8
Y'a des jours comme ça où tu voudrais bien des nouilles dans ta soupe, mais tu ne récoltes que la couille dans le potage. En résumé : des emmerdes qui montent jusqu'aux verres de tes lunettes, un...
Par
le 15 avr. 2015
31 j'aime
5
Pour buller en lisant, écoute avec tes oreilles. Que te dire de Castaway on the Moon... Que son titre français qui me semblait bien étrange est en fait parfaitement adapté. Qu'aimer un film tient à...
Par
le 25 juil. 2015
27 j'aime
2
Du même critique
Première critique. Première attente 2020. Première claque. (Désolé pour la médiocrité de l'analyse qui va suivre, c'est une première. C'est surtout un ressenti). Tout d'abord, présentons brièvement...
Par
le 15 janv. 2020
1 j'aime
Oh, qu'il fait du bien et vient à point nommé ce petit film coréen en cette période compliquée. Depuis quelques mois, mon amour pour le cinéma asiatique ne cesse de grandir. L'horriblement nommé Des...
Par
le 20 avr. 2020
Aujourd'hui, j'ai envie de mettre à l'honneur un genre de cinéma que j'affectionne particulièrement et qui n'est malheureusement pas assez représenté dans les salles obscures : le cinéma indépendant...
Par
le 12 févr. 2020