La possibilité d'une île
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Castaway on the moon, c'est quand même plus joli que "Des nouilles aux haricots noirs" non?
Belle surprise et coup de coeur pour ce film sud-coréen inclassable, tragiquement comique ou comiquement tragique.
Castaway on the moon nous montre un magnifique loser à une période de sa vie sans saveur, alors qu'il semble échouer à absolument tout. On comprends vite que ce jeune cadre pas très dynamique à la chemise mal coupée qui foire sa pendaison avant d'aller pleurer toutes les larmes de son corps pendant qu'il chie dans les bois (il chie parce qu'il a raté sa pendaison, et il pleure parce qu'il a raté sa pendaison et qu'il chie comme un malpropre, la boucle est bouclée) est au bout du rouleau (il fallait que je fasse cette blague).
Des scènes fugaces et métaphoriques nous laissent seulement deviner la nature de ses précédents épreuves; le sentiment de honte et d'échec face aux proches.
Le bonhomme décide de s'exiler sur une fausse île déserte polluée, loin des mirages sauvages de Robinson Crusoë. Un personnage déluré et perché qui entretient à partir de là son petit monde et lutte pour faire pousser du maïs, se nourrir convenablement ou s'abriter de la pluie... Des choses qui nous semblent anecdotiques mais qui reprennent tout leur sens dans une situation où l'Homme n'est que peu de chose face à la nature, même dérisoire. Il ne semble jamais seul, et pour cause : il se fait stalker par une jeune otaku squelettique et blafarde qui l'observe avec ses jumelles. Une obsession qui tourne en histoire d'amour étrange et incongrue entre deux énergumènes paumés.
Un joli film qui nous montre deux êtres esseulés et fragiles, perdus dans les affres la vie moderne, qui se rencontrent au détour d'un hasard qu'ils forcent non sans crainte. Un film sur la solitude, la perte de soi mais aussi sur la naissance étrange de l'amour.
La dialectique entre l'enfermement et la quête de liberté y est centrale. En effet, les deux personnages sont enfermés, et se libèrent peu à peu de leur piège mental et spatial. Une quête inespérée toujours sous le joug d'une menace invisible, et qui laissent lieu à des scènes mémorables; où l'un cherche à se raccrocher à son Eden de fortune dont on le dépossède brusquement, et l'autre recours à des ruses d'espionne pour sortir de chez elle jusqu'à à beau jour, parcourir toute une ville en courant pour rattraper l'être désiré.
Sous ses accents doux-amers, le film est également une critique de la société coréenne, des derives de la technologie (le phénomène otaku), d'un libéralisme avilissant (la scène du dialogue de sourd au téléphone, la pollution).
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Créée
le 15 févr. 2017
Critique lue 365 fois
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