Recette de la bonne comédie britannique :
Des acteurs doués, notamment un personnage principal masculin capable de faire toutes sortes de mimiques comme dans les meilleures pièces de théâtre de boulevard, au hasard Hugh Grant ou Ewan Mc Gregor. Indice : cet acteur sera anglais, car ce sont les seuls à s’être entrainé à faire la grimace devant leur Irish stew dès le plus jeune âge
Une intrigue de départ surréaliste : un cheick yéménite prêt à investir des millions de livres (la monnaie) pour pouvoir pêcher le saumon dans son pays. Mais en réalité ce doux illuminé cache plus d’un secret, heureusement pour l’intérêt du film.
Des personnages irréels et multidimensionnels: fonctionnaire féru de pêche record grincheux, trentenaire en mal d’amour, soldat héros de guerre, petit chef, femme autoritaire quasi-démente, etc…
Un développement bourré de rebondissements idiots, sans logique, dictés par la loi surnaturel de la force divine, ou du premier ministre de nos amis britanniques. Car oui, si un saumon peut faire gagner les prochaines élections, il peut aussi les faire perdre.
On nous propose donc de faire cuire notre histoire de pêche pendant une heure et demie, à grands renforts de technique de pêche au saumon, d’explications scientifiques sur la portance d’un grand barrage dans le désert ou encore de rivalités religieuses au Yémen. Quoi de plus passionnant ? Sans faire d’ironie, c’est rafraichissant de voir un film prendre le risque de sortir des sentiers rebattus pour nous proposer une histoire originale, pas forcément la plus palpitante au départ, mais soutenue de main de maître par la versatilité des personnages qui lui sont liées. J’aime sentir que la logique du film est travaillée, et me dire que les différents choix effectués par les personnages sont logiques tout le long du film. J’aime voir la tête d’Ewan Mc Gregor en professeur de pêche coincé, ses réactions lors de sa rencontre avec le cheikh, et bien d’autres éléments encore…
Vous l’aurez compris si vous me lisez régulièrement, j’aime les films qui s’adressent à leur spectateur, et les « saumons » le font très bien. Je parlais de World War Z, et la différence de traitement réservée aux musulmans dans les deux films est invraisemblable, que ce soit sur leur manière d’agir aussi bien que sur la quantité de précision qu’on nous fournit sur leur comportement.
Le film se veut léger, simple, charmant, bien orchestré, vif, il réussit ce pari à tout point de vue. Inversement, pas de grandes scènes d’action ici. On a le droit à une scène quasi-homérique par rapport au reste du film où un intégriste est désarmé à la canne à pêche mais rien de plus gore. L’équilibre si difficile à trouver l’a été.
Par opposition, ici le film ne vous vend pas de rêves inutiles ou de vaines promesses. Ici, pas d’action, on pêche et ça se fait dans le calme et le silence, et ça se passe dans le désert, le vrai, celui où c’est l’enfer tous les jours si vous n’y êtes pas habitués. Ce film aura alors les vertus d’une oasis sur l’imagination du spectateur fatigué par les grosses productions sorties récemment. Une oasis, je vous dis !
La moralité : La comédie britannique est un genre intemporel qui ne cesse de nous pondre des chefs d’œuvre. Comment est-ce possible que ce genre soit si supérieur chez nos voisins, pourtant beaucoup moins désopilants que nous en société et auprès des filles, que chez nous ? J’aurais aimé être anglais après avoir vu une de ces comédies.
La mention du critique : A la personne qui a trouvé le titre du film, encore plus gnangnan en anglais (salmons fishing in the Yemen) qu’en français. Titanic se serait appellé « l’histoire du bateau qui frappa l’Iceberg », Les aventures de Rabbi Jacob auraient pu être renommées « oui, regarde, lui il a encore un bout qui dépasse » et l’exorciste ce serait « ta mère suce des queues en enfer, mais la sienne aussi ». Charmant.
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