S'il y a un air de déjà vu dans De Oost, c'est qu'évidemment, au cinéma, les guerres coloniales se ressemblent toutes, peu ou prou, et surtout en Asie, avec les nombreux longs-métrages consacrés au Vietnam. Le film de Jim Taihuttu, réalisateur qui a aussi fait carrière en tant que DJ, trouve son originalité dans sa localisation : les Indes néerlandaises, appelées à devenir l'Indonésie, après l'occupation japonaise et le départ des Britanniques. Une guerre aussi sale que les autres, qui a connu ses atrocités, dans un climat de racisme ordinaire, vue à travers les yeux d'un volontaire batave qui traîne avec lui le passé peu glorieux de son père pendant la deuxième guerre mondiale. Le film est bien écrit et offrant, au moins dans sa première partie, une évocation réaliste des missions des troupes néerlandaises, aux prises avec un ennemi invisible. Cela se gâte un peu vers la fin, avec des scènes bien plus musclées, à mesure que le héros de l'histoire prend conscience des méthodes très radicales de ses coreligionnaires. Le film reste néanmoins solide et impressionnant, porté par une mise en scène carrée et une interprétation de qualité, avec celle de Martijn Lakemeier au premier plan. Il y a tout du même un mais : la présence de plusieurs flashforwards qui, d'intrigants au départ, deviennent plutôt encombrants par la suite, préparant un dénouement tragique qui ne s'imposait pas nécessairement. Reste que De Oost, qui est aussi une coproduction indonésienne, a le mérite de revenir sur une période que les Néerlandais n'ont pas spécialement envie de voir revenir à la surface, ces temps maudits des colonies.