Descartes
7.2
Descartes

Téléfilm de Roberto Rossellini (1974)

Lorsque Rossellini se passionne pour la reconstitution, c'est toute la vie qu'il reconstitue. Avec Descartes, c'est la Peste, l'intolérance mais aussi ce bouillonnement de la Raison, pour chaque science l'état de ses découvertes, pour la philosophie ce point crucial de l'histoire de la pensée occidentale, cette gigantesque tentative d'émancipation des sens et des préjugés voire de la folie qu'ils nous infusent.


Rossellini comme personne avant lui et peu depuis nous donne à vivre cela comme si nous y étions en diminuant au maximum les raccourcis dramatiques habituels et donnant à la parole, à la présence tout leur poids, s'attardant sur chaque détail, sur tous les débats, tous les événements qui font vivre et battre le cœur de Descartes et de ses contemporains. C'est un temps vivant, ressuscité, un souffle d'air pur dans un cinéma qui croyait gagner en nous épargnant ce qu'il jugeait ennuyeux parce qu'en fait il ne savait comment le mettre en scène.


Rossellini, de plus, nous transmet aussi les errements scientifiques de Descartes, ses erreurs mais au-delà, c'est bien ce désir d'une science libérée qui est ressuscité, ce combat dans un monde encore dans les fers de la vision aristotélicienne.
La mise en scène est réduite à sa plus simple expression, peu de découpage, lents recadrages au zoom, des plans des déplacements de Descartes venant rythmer ces morceaux de vie, d'amitiés liées ou de combats de la pensés au fur et à mesure de ces déplacements.
La musique, entre classique et modernité, souligne dramatiquement tout de même les moments de tension intérieure. La fin ouverte remet toute l'œuvre de Descartes en une interrogation vertigineuse.
Une leçon de cinéma passionnante.

JM2LA
8
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le 16 oct. 2015

Critique lue 380 fois

JM2LA

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