Après avoir vu et chroniqué Nico et Justice Sauvage, et avant de me taper Échec et Mort et autre Piège en Haute Mer, voici Désigné pour Mourir, troisième film de Saumon Agile alias Steven « Je casse tout ce qui peut se casser » Seagal. Mis en boite par le réalisateur de seconde zone qui touche à tous les genres Dwight H. Little, capable d’enchainer un film d’horreur (Halloween 4, Le Fantôme de l’Opéra), un actionner (Rapide Fire, Meurtre à la Maison blanche), un film familial (Sauvez Willy 2), une comédie d’aventure (Bloodstone), tout en réalisant au milieu de tout ça des épisodes de séries (John Doe, X-Files) et même des jeux vidéo (Ground Zero Texas), Désigné pour Mourir est un film d‘action excessif, bourrin, qui va reprendre le même schéma que les deux précédemment cités puisqu’ils ont bien fonctionné et que l’ami Seagal fait carton plein. C’est surtout une série B solide et fun qui ravira tous les amateurs du cinéma d’action de cette époque.
Soyons clair d’entrée de jeu, niveau originalité, on repassera. Le scénario est vu et revu. Mais ça, on s’en doute d’avance quand on se lance dans Désigné pour Mourir. C’est du Seagal, et il va faire du Seagal. Le film cherche à divertir avec de l’action et un rythme efficace. On est une fois de plus dans une histoire de vengeance où notre héros va casser des bouches parce qu’on a fait du mal à des gens qu’il aimait. Le message habituel assez inapproprié selon lequel la violence doit être combattue par encore plus de violence est présent. On sait que c’est mal mais, que voulez-vous, on ne peut s’empêcher de prendre plaisir à voir Seagal dégommer les méchants un à un de diverses manières bien violentes. Car oui, à l’instar des films précités, c’est ici bien bien violent. Selon plusieurs sources, certaines scènes jugées un peu trop graphiques ont été coupées pour obtenir la classification R aux États-Unis. Notre maître de l’aïkido n’a jamais cassé autant de membres dans des gros plans bien vénères. Il va même jusqu’à crever les yeux de l’antagoniste avec ses pouces, en les lui enfonçant jusqu’au cerveau. Mais il y a également des coups de marteau, de sabre, des couteaux plantés dans la gorge, des décapitations, des mains coupées, … autant dire que ça va plutôt loin pour ce genre de produit, bien que ça ne soit jamais non plus très gore graphiquement parlant. Là où Désigné pour Mourir se démarque un peu de la masse de séries B d’action du genre des années 80/90, c’est qu’il choisit de placer un gang de jamaïcains en guise de méchants (à cette époque, ils étaient souvent dans les mauvais coups en ce qui concernent la drogue dans les grandes ville). Le vaudou présent dans le film a été rajouté après avoir consulté la Police de Los Angeles qui a confirmé que certains gangs étaient très ancrés dans cette croyance. Steven Seagal, qui a également produit le film, a lui aussi effectué des recherches approfondies sur les différentes pratiques religieuses vaudou décrites dans le film.
Techniquement, le film est plutôt bon. Il ne gagnera pas de prix pour son style, mais la mise en scène fait le job pour ce genre de série B d’action et Dwight H. Little fournit le travail qui lui était demandé. C’est généreux en action et de l’action de plutôt bon niveau, à commencer par une course poursuite qui a de la gueule, directement inspirée de French Connection selon le réalisateur. Les gunfights sont bien mis en scène, ça canarde sec, ça explose, ça se met joyeusement sur la gueule. Les bastons sont dans le style Seagal. Il balance quelques prises d’aïkido, il casse des bras, des jambes, des cous, des dos, il balance ses ennemis sur les murs, sur le mobilier, … Saumon Agile s’en donne à cœur joie et semble complètement à l’aise et il avait une carrure impressionnante à l’époque : grand, affûté, rapide dans ses mouvements. Bon, pour le jeu d’acteur, c’était déjà plus limité et entre son léger strabisme, sa petite queue de cheval et sa façon de courir dans le plus pur style d’une fillette de 8 ans, il y a parfois des soucis de crédibilité. Mais cela ne fait que renforcer le culte envers cet acteur ô combien moqué. Avec son personnage qui a toujours le sens de la répartie, certaines lignes de dialogue qui sont (involontairement ?) drôles deviennent tout bonnement épiques. Petit exemple alors que son collègue lui demande comment ça s’est passé : « L’un se croyait invincible, l’autre croyait qu’il pouvait voler. […] Ils avaient tous les deux tort ». Bref, Seagal est une fois de plus l’attraction du film, bien que le méchant très charismatique avec ses rastas et ses yeux verts flamboyants, interprété par Basil Wallace (Rapid Fire, Blood Diamond), vaut lui aussi le détour, menaçant et psychotique à souhait. A noter également la présence du chanteur Jimmy Cliff lors d’une scène de concert et un tout petit rôle pour le jeune Danny Trejo.
Les débuts de Steven Seagal sont décidément pleins de surprises en termes de séries B solides et funs. Après Nico et Justice Sauvage, ce Désigné pour Mourir est un très sympathique divertissement, bourrin comme il faut, avec un Seagal épique.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-designe-pour-mourir-de-dwight-h-little-1990/