Il est fort ce film.
L'intrigue tient assez bien la route, on suit cette relation compliquée entre un homme et une femme, sachant que l'homme deviendra le plus petit mégalo de la France. C'est une manière de faire un biopic qui est assez originale, j'ignore à quel point les auteurs ont romancé, je m'en fous complètement à vrai dire, car c'est l'histoire qui est intéressante dans un film et non l'Histoire. Les personnages sont très bien écrits, leurs relations sont bien développées, les dialogues sont très bien sentis (et en plus quand Brando les déclame, ça donne des frissons) et les conflits sont prenants malgré que l'action passe par le verbe.
Ce qui est amusant aussi, c'est le message très féministe : c'est vraiment cette femme que l'on suit, cette femme qui veut prendre ses propres décisions, qui gagne en maturité au fil des ans. C'est amusant, parce que les mâles qui lui tournent autour ont ce côté macho, et puis il y a ce jeune Bonaparte qui fait bien flipper, qui a l'air d'un gros harceleur-manipulateur quand il débarque et qui parvient malgré tout à séduire les femmes (en même temps c'est Brando).
La mise en scène est très sympa : on sent que certains décors sont faux, mais ça reste jolis (que ce soient des peintures ou des fausses maisons) et ce grâce au technicolor ; les faux come les vrais sont assez impressionnants dans bien des scènes. Le découpage est efficace, on trouve quelques mouvements de caméra ambitieux et intéressants, quelques plans audacieux un peu ratés c'est vrai mais qui annoncent la prochaine décennie (on ressent ce besoin d'une caméra plus légère). Les costumes et accessoires sont bien foutus (chaque accoutrement de Napoléon est un plaisir à découvrir). Les acteurs sont très bons, on retiendra le duo principal évidemment, mais les secondaires s'en sortent très bien aussi. La musique fonctionne très bien : on trouve des thèmes sympas, qui font mouche sur le moment et qui sont pertinents tout au long du film.
Bref, c'est très sympa à regarder, faudra vraiment que je me décide à regarder le premier volet : "Un tramway nommé Désir".