A l'origine, Marlon Brando devait jouer dans L'égyptien, mais comme il s'entendait très mal avec les acteurs et le réalisateur, il voulut quitter le film. La Fox lui proposa, au lieu de payer un dédit, de jouer à la place dans Désirée, qui raconte l'histoire d'amour entre Napoléon Bonaparte et Désirée Clary, fille d'un commerçant marseillais, et qui va devenir reine de la Suède.
Pourquoi je raconte ça ? Parce que Brando va devoir tourner ce film contre son gré, et cet air résigné se voit dans son personnage, comme s'il était toujours contrarié. Et quelque part, cela sied à son interprétation de Napoléon, qui a un air soucieux, cet amour qui va lui échapper, malgré le fait qu'il va devenir empereur.
Car le point de vue du réalisateur, Henry Koster, est de proposer une vision intimiste de cette histoire, et non pas nous montrer des batailles, ou des scènes dites majestueuses. La seule vraiment digne d'intérêt étant celle du couronnement, où on sent que c'est le début du Cinemascope, avec un champ de vision très large, où les figurants semblent très nombreux. C'était déjà le cas dans La tunique, du même Koster, qui était le premier film à exploiter ce format. Ça se voit un peu en exploitant énormément de plans larges, mais dont on ne peut pas nier une certaine beauté. La scène finale, qui va être la dernière rencontre entre Bonaparte et Désirée (excellente Jean Simmons), est à ce titre très belle.
Les films sur Napoléon sont très nombreux, mais Désirée est l'un des rares à proposer une vision de l'empereur sous un prisme intimiste. C'est parfois un peu inégal, à la gravité peut-être un trop prononcé, mais qui reste à voir, ne serait-ce que pour cette interprétation à rebours de Marlon Brando (qui arbore d'ailleurs un faux nez).