Strip-tease et kabuki

Le premier long-métrage de Shôhei Imamura, autour d'une troupe de théâtre, a parfois des accents felliniens (La Strada) dans son agitation quasi ininterrompue et sa description chaleureuse des plus humbles. Assez anecdotique est son intrigue sentimentale (deux sœurs amoureuses du même homme) qui ne pèse guère face au pittoresque de la vie de troupe et à l'accueil énamouré que celle-ci reçoit à la campagne. A Osaka, le public partait après la première partie des représentations, dédiée à un effeuillage collectif, strip-tease bon enfant, avant le spectacle de kabuki. Dans les bourgades rurales, les spectateurs, moins blasés mais pas moins voyeurs, restent jusqu'au bout, tout en étant plus expansifs. Avec ce décalage, entre la modernité des villes et la côté traditionnel de la campagne, Imamura aiguise son esprit critique et son humanisme et tresse au passage un bel hommage à l'art du théâtre.