Désirs volés (1958) - 盗まれた欲情 / 92 min

Réalisateur : Shohei Imamura - 今村 昌平

Casting principal : Hiroyuki Nagato - 長門裕之 ; Yōko Minamida - 南田 洋子 ; Osamu Takizawa - 滝沢 修 ; Kō Nishimura - 西村晃.

Mots-clefs : Japon, Campagne, Théâtre, Mœurs.


Le pitch :

À Osaka, dans un quartier populaire, une troupe de kabuki se voit contrainte, pour faire venir le public et survivre, de proposer striptease en première partie. Alors que le théâtre ferme, la troupe, fragilisée par des conflits amoureux et pécuniaires, doit repartir sur les routes du Kansai.


Premières impressions :

Lentement, très lentement, trop lentement diront même certains, je continue de parcourir la filmographie de Shohei Imamura. Le réalisateur japonais, en plus d'être l'un des seuls à avoir obtenu la palme d'or à Cannes par deux fois, tient une place à part dans ma relation avec le cinéma puisque deux de ses œuvres, L'anguille (1997) et De l'eau tiède sous un pont rouge (2001), font parti des tous premiers films japonais de mon adolescence. Et ce n'était probablement pas un hasard que ce réalisateur ait allumé la mèche de mon intérêt pour l'Asie, tant toute sa carrière durant, le cinéaste n'a cessé de décrire, d'analyser, un Japon du peuple. Désirs Volés, son premier film, ne fait pas exception.


Tiré d'un roman de Toko Kon, (Tento gekijo - Le théâtre sous le chapiteau), Désirs volés (le titre a été choisit par la production pour attirer plus de public contre l'avis du réalisateur) nous plonge dans la vie quotidienne d'une troupe de théâtre sans le sous qui essaye de survivre tant bien que mal et qui décide de quitter la grande ville d'Osaka pour battre la campagne où la concurrence est moins féroce. Là bas, le public ne vient pas uniquement pour voir les actrices s'effeuiller sur scène mais se prend aussi au jeu des acteurs de Kabuki. Les jeunes femmes tombent en pâmoison devant les acteurs, les jeunes hommes se rincent l’œil et les commerçants bénéficient de l'euphorie de tout ce petit monde. Au milieu de tout ça, un triangle amoureux s'instaure et sert de fil rouge au scénario qui se résume assez vite à savoir qui va finir avec qui. C'est que l'intérêt est ailleurs, du moins pour un spectateur actuel qui prend plaisir à découvrir la campagne de ce Japon d'après-guerre, plein de joie et de naïvetés qui font sourire, loin de la noirceur de la ville et des récits de gangsters.


Côté technique, le film est assez classique. Le noir et blanc est honnête, mais Imamura, qui s'est fait la main aux côté de Ozu, n'ose pas encore sortir des cadrages standards. On ressent pourtant déjà son intérêt pour le naturel et quelques séquences font déjà penser à une forme de documentaire. Peut-être est-ce parce qu'Imamura a intégré au scénario quelques éléments biographiques de la période où il était lui-même acteur itinérant. Pour le reste, rien de bien classique et si c'est agréable aujourd'hui, le film ne se démarquait pas particulièrement à son époque. Il s'agissait avant tout d'un film de studio pour se faire la main.


Pour conclure, si Désirs Volés n'est pas un des films majeurs de la filmographie de Shohei Imamura, j'ai plutôt apprécié le film pour son ton léger et son regard dans lequel on ressent déjà l'aspect sociologique du cinéma du réalisateur. Bref, il vaut le coup d'oeil pour ceux qui veulent comprendre l'évolution du cinéaste ou pour ceux qui veulent découvrir un certain Japon des années 50. Le film est disponible en France en Blu ray et DVD et se trouve sans soucis.


GwenaelGermain
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Créée

le 19 mars 2023

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