Unrueh est un film que j'ai trouvé intelligent dans sa manière d'amener le scénario, dans ces choix de cadrage et dans son rythme. Les actions s'entremêlent avec une douceur et une tension à la fois. Ces deux notions presque paradoxales s'affrontent dues au tempo du temps qui s'écoule dans le scénario et à la lenteur des plans.
Il y a beaucoup de chose à dire sur ce film mais je vais m'attarder simplement sur le refus hiérarchique du "sujet" à l'image et dans l'intrigue.
Chaque plan large ne s'attarde pas sur un seul élément. Iels font le choix de longs plans fixent qui obligent le mouvement du regard du spectateur. Les scènes se déroulent au loin parfois au bord cadre, puis une autre action intervient à un autre endroit dans l'image. Il y a parfois des passages de figurants flous en premier plan de la scène, les acteur sont coupés au cadrage, des éléments flous centrés dans l'action...
Il y a un réel refus d'entretenir une relation entre nous spectateur, et un personnages principal. A mon avis il n'y a pas de véritable héros.ïne. La vallée elle-même est le sujet du film, avec ces frontières invisibles. C'est parfois troublant car le réalisateur joue avec cette ambiguïté de l'invisible.
Notamment avec la relation amoureuse (ou non) qui pourrait naître entre deux personnages. Cette relation est comme en suspens et invisible, il laisse le spectateur s'imaginer ou non de son existence. Plusieurs sous-entendus sans jamais devenir concrets? Le réalisateur nous dupe à plusieurs reprises, par exemple en nous faisant croire que les deux personnages s'observent parfois. Grace à des regards hors cadre et un montage alterné entre les deux personnages. Il fait naître une sorte de fantasme en nous. J'aime cette idée, qu'une histoire d'amour ne soit pas le sujet principale du film, et accepter de sa probable non existence. Je crois que tout ça questionne nos attentes et remets en question notre hétéronormativité de nos imaginaires collectifs.
Plus généralement, l'histoire est très diffuse et flottante. Il y n'a pas de véritable aboutissement. J'aime en particulier le dernier plan avec le seul mouvement de caméra du film. Un panoramique horizontale plutôt lent qui se perdra dans le flou.