Le zurichois Cyril Schäublin s'affirme comme un cinéaste singulier avec Unrueh qui avait été précédé du très intrigant Those who are fine. Son premier film était urbain et contemporain, son second est rural, situé dans la vallée de Saint-Imier, aux alentours de 1870. La région est occupée par des fermiers et des usines horlogères, dans l'une desquelles travaille Joséphine, l'une des protagonistes principaux de Unrueh. Cette ouvrière va se laisser tenter par le mouvement anarchiste et rencontrer un certain Piotr Kropotkine, alors en Suisse pour des travaux de cartographie. Mais le scénario, assez diffus et parfois opaque quant à ses intentions, passe au second plan derrière une forme minimaliste où les personnages sont assez souvent à la limite du cadre, tandis que les dialogues, chuchotés, en russe, allemand ou français témoignent d'une extrême placidité, d'une neutralité helvète. Les films de Schäublin ressemblent à des exercices de style, quasi abstraits malgré leur contenu politique. Cette exigence lui ferme l'accès au grand public et peut séduire des cinéphiles attirés par des formes originales. Ou pas.