Après « The Bamboo Blonde », seule comédie musicale regardable d’Anthony Mann, le réalisateur revient au film noir avec « Desperate » aux thèmes et suspens hitchcockiens. Au crédit les habituelles qualités de Mann : concision dans les scènes, sécheresse et violence aussi réaliste qu’omni présente, mais sans la surenchère limite gore, telle qu’exposée dans le cinéma des trente dernières années. Le tout est illustré par une belle photographie, contrastée et sombre à souhait, dont les sommets sont le passage à tabac et la scène finale dans l’escalier. Série B assez fauchée, le casting bénéficie de la très inquiétante stature de Raymond Burr, de la charmante Audrey Long et d’Ilka Grüning, la surprenante tante Klara avec son amour et son folklore tchèque. Au débit, Steve Brodie qui n’a pas l’étoffe que nécessitait le rôle principal, une galerie de méchants caricaturaux, des mouvements de caméra pas toujours heureux et quelques scènes mal scriptées, limite inutiles (le garage et le sheriff font un peu remplissage). Au total, un Mann non sans reproches, qui mérite toutefois d’être vu, ses qualités l’emportant largement.