Trop con, trop bon

Groupe de gens, si possibles jeunes et bien roulés. Un départ (avion, voiture, montagne russe, tout est bon, faut juste qu'ils soient assis sur quelque chose qui roule). Un accident mortel. Mais avant ça, une vision : l'un d'entre eux pressent la catastrophe, fuit à toutes jambes, et emporte dans son sillage une poignée d'autres miraculés. Pas contente, Madame la Mort viendra les chercher un à un, de façon méthodique (enfin, dans l'ordre où il auraient dû mourir). Pas conne, Madame la Mort fait toujours passer ça pour un accident, des fois qu'on la soupçonne. A vous de deviner comment chacun va clamecer, une mort violente après l'autre.

Voilà donc cinq films que ça dure, et pour cause : Destination Finale incarne à la perfection ce qu'on appelle une formule. Un truc déclinable à l'infini, aux rouages identiques. Nul besoin de changer le "pourquoi", juste le "comment". En l'occurrence, comment le gentil black, ses amis Ken et Barbie et leurs potes pas vraiment aidés vont-ils passer de vie à trépas ? Amusante, la saga ne l'a été pour moi que dans deux cas : le premier film (effet de surprise) et le troisième (le mieux troussé du lot). Le deux et le quatre se valaient à peu près dans la nullité pas drôle. Le cinquième franchit quant à lui les limites du n'importe quoi, et tant mieux. Les acteurs sont si mauvais qu'ils paraissent tous jouer dans un film différent (à décrire, c'est difficile, à l'écran, c'est à crever de rire), le couple vedette se vautre dans des scènes sirupeuses dès qu'ils sont isolés du groupe, les morts dépassent en invraisemblable tout ce que la saga a pu proposer jusque là (mention spéciale à la gymnaste, grand moment de suspense en carton à la conclusion...pliante) et le scénariste instaure de nouvelles règles à peine exploitées (pour échapper à Madame la Mort, il faut désormais tuer une personne innocente). Bon point néanmoins : le personnage du binoclard un peu enrobé en mode dragueur compulsif, vraiment drôle pour le coup.

Sinon, l'ensemble est infichu d'aligner deux effets gore corrects (tous numériques, 3D oblige, ce qui est encore plus laid sans le relief) ni d'offrir un semblant de frisson, même amusé façon Scream. Non, que dalle, juste un magnifique laxisme en roue libre emballé les yeux fermés. Alignant quelques coupes de cheveux impayables, Destination Finale 5 est d'une débilité profonde mais il ne tente pas de se raccrocher aux branches, encore moins d'excuser sa connerie par un quelconque discours intelligent. Non, il se vautre et il aime ça, jusqu'à un twist final prévisible avec 5mn d'avance mais savoureux pour qui a eu la patience de se taper toute la saga. Je l'aurai sans doute oublié d'ici un mois ce film, mais là, en plein été, lors d'une soirée où on a rien à faire, c'est un vrai petit plaisir coupable.

Reste la très bonne BO de l'ami Brian Tyler, qu'on aurait aimé entendre davantage. Allez, plus qu'à imaginer un crossover avec Jason ou Freddy maintenant, paraît que les grands esprits se rencontrent !