Une relative bonne surprise, ou en tout cas j’étais d’humeur. Facile de s’imaginer une comédie romantique niaiseuse, mais le film fait en réalité exactement le contraire. Et si ça ne casse pas trois pattes à un canard, j’ai quand même été réceptif au fait qu’on a ici affaire à deux personnages ultra-cyniques et détestant le concept amoureux.
Alors évidemment, ça ne fait que jouer sur un cliché du genre, vont-ils / vont-ils pas ?, mais au moins, ça teinte les échanges d’un humour différent, et charge le film d’une énergie inhabituelle pour le genre. Et dans ces rôles, Keanu Reeves et Winona Ryder fonctionnent très bien, non seulement pour leur côté morose mais aussi pour leur alchimie naturelle.
Le film gagne aussi par sa relative modestie. Ne se déroulant que sur un week-end (et sur 1h20), il n’est visiblement pas intéressé par l’idée de proposer autre chose qu’un petit amuse-bouche, pas trop gras, pas trop compliqué (idéal pour un mariage).
Il choisit donc de se coller fermement aux deux personnages, les seuls de tout le film ayant droit au dialogue. L’évolution de leur relation est tout ce qui l’intéresse, le reste n’est qu’abstraction. En dehors d’une attaque de cougar assez drôle, il faut donc être prêt à regarder des gens parler (même quand ils baisent).
Le dialogue, justement, c’est donc ce sur quoi se fonde le film. C’est des ligne et des lignes et des lignes de texte débitées par les acteurs, et uniquement dans des plans plus ou moins larges. Ce choix de mise en scène, à la fois minimaliste et bien précis, met en valeur le duo d'acteurs plutôt que la caméra, mais le met aussi au service du dialogue. Leur visage n’existe pas, seulement leur capacité à débiter du texte.
Ce dispositif simpliste et tenu tout le long du film peut paraître rebutant, et c’est vrai que, du coup, le film mise tout sur la capacité du public à adhérer à ses dialogues. C’est d’autant plus risqué qu’ils sont ultra-écrits, ce qui confère à l’action, malgré sa simplicité, un petit sentiment irréel, celui d’un monde où les gens parlent comme un scénariste verbeux écrit.
Je comprend donc bien qu’on puisse vomir ces phrases avec trop de mots, au vocabulaire trop soigné, exprimant de mille façons différentes la même idée, que ces deux personnages partagent la même vision désabusée du monde. Mais dans mon cas, l’humour s’est glissé suffisamment régulièrement dans la bouche d’acteurs pour lesquels j’ai de la sympathie pour que je ne me retrouve pas expulsé du film. Mais à chacun son expérience. Bref, un tout petit film sympathique, mais qui n’existe pas au-delà de la bonne surprise.