Détour raconte l'histoire d'un type qui veut retrouver sa copine de l'autre côté des USA; pour ce faire, il pratique l'autostop. Pour une fois le danger ne vient pas de là où on l'attend dans ce type de situation.

Le scénario est plutôt bon; ça ne m'étonnerait pas si c'était tiré d'un fait divers. Vu le genre, ça aurait facilement pu tourner en huis clos, mais l'auteur a l'intelligence de construire ses personnages solidement pour ainsi permettre de sortir du cercle vicieux: car oui, ce sont bien les protagonistes qui font avancer l'histoire et emmènent ainsi le spectateur dans leur périple.

Les conflits sont si nombreux qu'il est difficile de déceler le véritable élément déclencheur; ce qui est sûr c'est que le récit est construit sur deux 'Malus Ex Machina': un premier inexpliqué (à ce stade du film ce n'est pas choquant) et un dernier expliqué et qui confirme la poisse du héros.

Pour la mise en scène, il semblerait que le film ait été tourné en six jours. Ceci expliquerait cela. Les mouvements de caméra sont souvent maladroits, l'exposition pas toujours correcte (enfin vu la restauration médiocre il est difficile de dire s'il s'agit d'un problème de pellicule lors du tournage, ou bien lors de la post production). En dépit de ces défauts de mise en scène, l'action reste toujours lisible et compréhensible. C'est juste que le tout fait bricolage et manque parfois de rythme. Heureusement l'histoire bien construite et surtout les tracas du personnage principal prennent le relais pour maintenir l'attention du spectateur.

Les acteurs sont plutôt corrects, peut être un peu caricaturaux par moment, mais en même temps il s'agit d'un film noir... Les personnages se ressemblent assez souvent dans ce genre. L'on pourra saluer le personnage de Vera qui change du caractère romantique habituel relégué aux dames encore aujourd'hui. Ici il s'agit d'une dominatrice qu'il vaut mieux ne pas froisser.

Bref , un film qui vaut le ... détour... pour son histoire et ses personnages, ainsi que pour la compréhension d'un malus ex machina; ce n'est donc pas du côté de la mise en scène qu'il faudra chercher le réconfort. A voir.
Fatpooper
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le 24 janv. 2012

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Fatpooper

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