Un reboot très surprenant. C'est tellement un reboot que ça n'a plus grand chose à voir en fait. Car les ingrédients de la saga d'origine, ce n'était pas seulement l'idée de faire un détour : y avait les consanguins, les jeunes, la bestialité, les pièges, le rapport à la nature, ...


Le début m'a laissé présager quelque chose d'excellent : une enquête du père qui veut savoir où est passée sa fille (et éventuellement ses amis), du coup ce n'est plus un jeune qu'on suit, mais un vieux ! Et juste ça, c'est une excellente idée ! Hélas, après quelques minutes on part dans un flashback et donc retour à la normale, à savoir les jeunes qui débarquent. Notons tout de même que le dernier acte réintroduit le père qui fera équipe avec sa fille, ça change donc un peu de ce que l'on voit habituellement, mais ce n'est pas aussi radical que ce que les premières minutes laissent présager.


C'est tout de même intéressant, parce que l'auteur va s'amuser à prendre à contre-pied les règles de base : les jeunes sont branchés, investis, veulent construire un avenir ; ce ne sont pas juste des boutonneux qui ne cherchent qu'à tremper leur biscuit à la première occasion. Mais bon, l'autre changement, c'est que les méchants forment une communauté et ont un aspect tout-à-fait humain. Et même dans un premier temps on nous dit que ce sont les jeunes qui ont commencé les hostilités suite à quelques quiproquos. Les pièges seraient conçus pour capturer des animaux afin de s'en nourrir et non pour tuer des jeunes à la libido pétillante. Le rapport à la nature est plus approfondi du point de vue de cette communauté (alors que dans la saga d'origine, ils sont là parce qu'ils ne peuvent pas aller en ville) et du coup la confrontation avec le point de vue de la génération G (G pour Greta Thunberg) est intéressante (même si sous-exploitée). Les consanguins ne sont plus, laissons place à des gens dotés de raison, c'est moins flippant visuellement (même si les costumes sont quelque peu excentriques), mais psychologiquement c'est assez perturbant (moins quand même car leurs meurtres sont moins gratuits) ; la bestialité des agresseurs est également plus modérées, par contre ils peuvent se montrer cruels (le sort réservé aux punis).


Tout cela est fort intéressant. Mais, hélas, l'auteur ne va pas au bout de ses idées... ainsi, on apprend plus tard que la communauté tue quand même pour des raisons futiles et donc que le procès était une vaste blague (mais sur le moment on ne le sait pas et ça paraît rationnel) ; les pièges sont finalement conçus pour éloigner les intrus plus que pour chasser des animaux ; le côté écolo est vite éludé, d'ailleurs ils font du jeune black un simple chasseur, on ne le voit pas résoudre les problèmes de communauté ; la raison des méchants atteint vite ses limites, ça en devient incohérent, comme le boss qui débarque à la fin, ou encore la manière dont l'évasion se déroule. Le bodycount étant faible, les méchants perdent de leur superbe, on dirait juste des bouffons loin dans leur délire écolo dont des gosses pourraient se moquer en publiant une vidéo gênante sur Youtube ; la complicité passive du village d'à côté était également intéressant, mais finalement ça ne mène pas à grand chose.


La mise en scène est soignée. L'équipe veut faire peau neuve, pas question de s'engouffrer dans une production sans le sou comme pour toutes les suites dans la saga d'origine. C'est joli, c'est pas mal foutu, certains costumes sont cool. Malheureusement, le bois n'est pas terrible et lorsque la tension monte et l'action est plus présente, le découpage est moins efficace, un peu plus maladroit, le montage également. Les acteurs sont corrects, on regrettera juste que les méchants ne soient pas plus charismatiques (seule la vendeuse de bracelet s'en sort au final).


Bref, déception. Mais c'est intéressant de voir combien l'auteur des deux "Wrong Turn" a réussi à faire deux films encrés dans leurs époques respectives.

Fatpooper
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le 17 févr. 2021

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