Deux heures à tuer, c'est à quoi s'apprêtent divers voyageurs dans la salle d'attente d'une petite gare de province, à l'extérieur de laquelle un escadron de gendarmes s'active dans la nuit pour dénicher un tueur de femmes.
Pour le spectateur, c'est quasiment 1h23 à tuer devant cette pâle adaptation d'une pièce du dénommé Vahé Katcha. On devine entre les lignes, et en dépit de la terne mise en scène du tout aussi méconnu Yvan Govar, la singularité, l'humour décalé et sombre peut-être, et la dimension surréaliste de l'oeuvre originelle, qu'on n'imagine pas aussi pauvre et insignifiante que le film.
Dans ce huis-clos nocturne épousant presque la durée de l'action, où le tueur en question pourrait être un des voyageurs et sa prochaine victime une voyageuse, Govar ne produit ni un quelconque suspense ni ce sentiment d'inquiétude dont un narrateur nous dit, pourtant, au début du film qu'il est bien réel dans la petite bourgade. Le réalisateur saisit des conversations -des dialogues pas vraiment brillants- initiées par la curiosité et les indiscrétions du personnage central (journaliste? policier?) que joue un Pierre Brasseur ironique et cynique (tandis que Michel Simon compose un employé de la gare).
Ce film étrange accouche de petits incidents artificiels et prosaïques, met en scène des personnages sans saveur, anesthésiés par une réalisation qui, de toute évidence, n'a pas su capter et reproduire l'esprit insolite du sujet.