Bien que Deux hommes dans l'Ouest soit le seul western réalisé par Blake Edwards, ce dernier connait bien le genre pour avoir scénarisé des films (et participé en tant qu'acteur) au début de sa carrière. Seulement, il a voulu s'attaquer à une fresque de 3 heures, ce dont le studio MGM s'opposera violemment.
Pour conséquence, le film sera coupé de plus d'une heure, profitant aussi de mettre davantage en avant Ryan O'Neal, auréolé du succès de Love Story, sorti peu avant, réduisant à néant les ambitions artistiques d'Edwards.
Le film sera un peu remonté en 1986 (et qui est celle qu'on peut voir sur le dvd français), correspondant davantage à la volonté du réalisateur, mais la version initiale de 3 heures est à jamais perdue. Le présent western conserve de belles traces de la fresque qu'on ne verra pas.
Deux cowboys, l'un jeune et l'autre plus âgé, travaillent dans un ranch pour des clopinettes et décident de changer de vie, d'abord en quittant cette maison, et puis en braquant des banques avant de fuir pour le Mexique. Cependant, le propriétaire du ranch ne va pas se laisser faire. Ce film est sur une illusion perdue, une vaine fuite, celle d'un vieil homme qui sait que sa vie est foutue, et le plus jeune qui sent son existence lui échapper avant qu'elle n'ait vraiment commencée.
C'est aussi western sur l'amitié quasi-filiale que se portent les deux hommes, alors que pourtant tout avait mal commencé pour eux. Le film étant sorti en 1971, il est difficile de ne pas y voir l'influence de Sam Peckinpah dans morts qui sont filmées au ralenti sous les coups de feux, avec le sang qui gicle.
On y trouve deux excellents acteurs, William Holden et Ryan O'Neal, et également Karl Malden en méchant propriétaire du ranch, mais aussi, et c'est une surprise, une B.O. composée par Jerry Goldsmith, et non pas Henri Mancini, le compositeur habituel de Blake Edwards. Et, pour une fois, je suis au regret de dire que celle-ci n'est pas marquante...
Il en résulte que Deux hommes dans l'Ouest est un très bon western, mais dont les coupes se font parfois sentir (notamment sur les personnages féminins), et si la fin est très réussie, dans la mouvance des films de cette époque, il laisse une grande frustration sur ce que la version de 3 heures aurait pu donner. A noter qu'en début en milieu de film, il y a une ouverture, ainsi qu'un entracte, comme sur les films de longue durée...