"Je fais mon métier sans haine ni passion " (L'inspecteur Goitreau)

Gino Strabliggi recouvre la liberté après avoir purgé une peine de dix ans de réclusion. Suivant les conseils de Cazeneuve, l'éducateur qui continue de lui porter un amical intérêt, il décide de mener une vie honnête. Il réussit à trouver du travail. Mais un inspecteur refuse de croire à sa reconversion...

José Giovanni n' a jamais été un enfant de choeur. Après toute une série de crime et délits en dépit d'une origine bourgeoise, "collaborateur" pendant la deuxième guerre mondiale, il est condamné à mort en 1948 pour extorsion de fonds et complicité d'assassinat. Il est gracié puis libéré de prison en 1956 après onze ans d'incarcération. Deux hommes dans la ville est d'abord et surtout un plaidoyer contre la peine capitale.

José Givanni a parfaitement réussi sa réinsertion publiant plus de 20 romans et réalisant notamment 16 films.

La France est dans la communauté européenne, le vent tourne et l'humanisme civilisationnel se mesure notamment au nombre de condamnés à mort graciés. Robert Badinter entrera bientôt dans l'arène pour un match plié d'avance sur le sujet après l'élection de François Mitterand en 1981..

Plaidoyer contre la peine capitale

Etonnament produit par Alain Delon (Catalogué à droite), Deux hommes dans la ville est un film engagé mais assez caricatural. Son propos en est presque naif. Les personnages principaux du film sont un ex délinquant, Gino (Alain Delon), qui sort de prison et se réinsère avec sérieux, Cazaneuve un éducateur humaniste (Jean Gabin) et Goindreau, un inspecteur principal de police qui ne connait pas ses limites (Michel Bouquet est particulièrement détestable dans le rôle....). Dans sa reconversion, Gino est aidé par Cazeneuve qui le prend sous son aile. Sorti de prison après y avoir purgé sa peine, Gino retrouve sa femme Sophie, fleuriste, et l'avenir semble leur sourire. Pourtant, au sortir d'une petite route, 2 chauffards faisant la course à tombeau ouvert ( A l'époque, il y avait 13 000 morts par an sur les routes françaises -contre 2500 aujourd'hui- mais on ne parlait pas violence routière...) viendront briser la vie du couple, contraignant la voiture de course de Gino à une embardée qui se terminera par une série de "tonneaux" sans fin dont sa femme ne sortira pas vivante. Sollicité par des anciens amis braqueurs, Gino continue pourtant à décliner toutes les propositions de braquage de ses ex comparses et poursuit son chemin de réinsertion, donnant plus que satisfaction à son employeur.

Pour la peau d'un ex-taulard

Gino se "tient à carreau" mais l'inspecteur principal qui l'a coffré 10 ans auparavant a l'intime conviction qu'il est un danger pour la société et qu'il faut le remettre à l'ombre.

De plus, Delon a une "belle gueule" et Bouquet, en gabardine avec son petit carnet, est plutôt "Robert que Redford".

Goitreau, un homme odieux, va largement outrepassé ses prérogatives en harcelant Gino, le patron de ce dernier et sa nouvelle petite amie (Mimsy Farmer), chargée de clientèle dans une banque. A bout, Gino finit par le surprendre en train de menacer sa compagne chez elle et l'étrangle tout en lui fracassant le crâne, un châtiment définitif que Goitreau n'avait pas volé.

Hélas, la vie est bien injuste. Son "coup de sang" condamne Gino le poissard à retourner aux assises et son passé de délinquant joue contre lui. Malchanceux durant toute son existence, Gino est condamné à mort et exécuté. Apathique pendant le procès, il se rebelle tardivement lors de son exécution symbolisant la victime d'un système judiciaire arbitraire et injuste, s'attachant les faveurs du spectateur qui connait tous les tenants et aboutissants de l'affaire.

Compte tenu des circonstances, le procès de la guillotine est vite fait....

Gabin vieillissant n'apporte pas grand chose au film, c'est le fatum et la haine mortifère entre Goitreau et Gino qui sont au centre de cette dramaturgie manichéenne. Si on revient sur terre, tous les délinquants ne sont bien évidemment des victimes comme Gino (Guy Georges, Michel Fourniret pour ne parler que de l'hexagone sans parler des illuminés de l'EI....) et tous les policiers ne se comportent évidemment pas comme des inquisiteurs sadiques comme Goitreau.

A l'aune des années 70 bien naives, le film a dû avoir un certain succès dans l'opinion. Aujourd'hui, avec la fin de l'innocence, la perte de tous les repères, la faillite de l'Etat organisée par les décideurs et une justice qui, privilégiant l'individu à l'intérêt général, se préoccupe systématiquement davantage de la possible réinsertion des présumés coupables que des victimes, il est difficile de ne pas considèrer que Deux hommes dans la ville n'a pas pris un petit coup de vieux....

Ma note: 6/10

Dagrey_Le-feu-follet
6

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le 30 mai 2023

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