Les fugitifs.

Après deux échecs commerciaux, Boom et Cérémonie secrète, Joseph Losey devait se relancer et a donc dû accepter une commande, sur un livre qu'il n'aimait pourtant pas, en l'occurrence, la fuite de deux hommes, dont leurs mains sont liés au dos, et qui doivent échapper à un hélicoptère qui les traque.

Il faut dire qu'on retrouve un côté film d'action pas désagréable, avec les multiples intrigues qui constituent la fuite en avant de ces deux personnages, joués par Robert Shaw et Malcom McDowell, mais il en ressort surtout un côté très abstrait qui peut freiner son adhésion.
Tout d'abord, même si on connait l'identité des protagonistes, on ne se sait que très peu de choses sur eux. Ensuite, on ne connait pas le pays où ils sont, comment ils se sont évadés, et qui les traque. Car il faut dire qu'à part les deux acteurs, il n'y a aucun autre personnage, les autres, pilotes comme policiers, sont des silhouettes arborant des casques.
D'ailleurs, on pourrait presque dire que l'hélicoptère est en soi un personnage, car il est personnifié comme menaçant, tout en noir, dont le point de vue filmé depuis l'habitacle en fait quelque chose d'omniscient avec les vitres qui donnent une vision très large.

On y retrouve cette abstraction qu'on verra bien plus tard dans un film comme Essential Killing, ce qui rebuter car le rythme n'est pas toujours haletant, mais il y a ce côté fuite en avant dans un pays inconnu qui m'a souvent intéressé. Et les deux acteurs principaux y sont très bons, Robert Shaw rabaissant sans cesse Malcom McDowell comme quoi il est un boulet pour lui mais que malgré tout, ils sont complémentaires.
Bien que ça soit un film anglais, il y a ce côté haletant propre au cinéma américain, que fut Losey, qui fait que le film reste assez bon, mais il faut savoir à quoi s'attendre.