" Tu n'as pas de coeur. "
Je ne connais pas le cinéma des Dardenne, c'était donc une première approche pour ma part. Je dois avouer que la bande-annonce m'avait hypnotisé, Marion Cotillard avait l'air d'être dans le même état de grâce que pour "De Rouille et d'Os", l'un de mes derniers gros chocs cinématographiques. C'est donc sans appréhension mais avec beaucoup de curiosité que je suis allé voir "Deux jours, une nuit".
Transcendé par un réalisme glaçant, le film des frères Dardenne se présente comme une chronique armée d'une histoire très simple, mais parfaite pour aborder des thématiques importantes. Et en effet c'est à travers la simplicité de ce médium que les deux frères parviennent non seulement à toucher et émouvoir, mais aussi à poser les bonnes questions.
Car si dans le fond on souhaite évidemment que Sandra puisse récupérer son poste, on ne peut parallèlement que comprendre les réactions de ses collègues, sans pour autant les accepter. La trame veut que l'on prenne place dans le ressenti principal de Sandra, pourtant il est difficile de ne pas également prendre part à celui des autres personnages. De son mari qui la soutient et la motive, en passant par ses collègues les plus proches, et ceux qui sont désolés, impossible de ne pas se remettre soi-même en question en tant que spectateur. Car là où réside l'une des grandes forces du film, c'est bien dans ce sujet qui d'apparence simple, est pourtant très actuel et vient faire écho à une situation que l'on pourrait voir n'importe quand.
Les thèmes abordés comme la détermination et la solidarité, mais aussi celui de la survie dans une certaine mesure, ne sont pas non plus traités à la légère. Bien au contraire le film arbore un ton grave, et c'est grâce notamment à la prestation exceptionnelle de Marion Cotillard que cet ensemble tient debout.
L'actrice est excellente, pleine de justesse, rayonnante dans son malheur et plus proche que jamais du public. Elle prouve ici qu'elle est capable d'être plus humble dans son jeu, malgré sa carrière déjà bien remplie. Le film impose beaucoup grâce à sa comédienne, que la caméra des frères Dardenne vient sublimer.
Cette caméra qui la suit sans cesse, à l'instar de l'épée de Damoclès qui à chaque instant peut lui tomber dessus. Le style minimaliste du film vient quant à lui faire le travail d'immersion, et cela fonctionne sans problème, dès la première scène le spectateur est happé dans cette histoire, une chronique tangible et triste, effrayante de vérité.
Poignant, réaliste et important, "Deux jours, une nuit" est un film qui brille par l'approche qu'il fait de son sujet, l'actrice quant à elle livre ici l'une des meilleures performances de sa carrière. Une perle rare, très rare.