Plus forte que Rosetta, c'est Sandra (Spoilers)
Un film des Dardenne, je crois que ce sera toujours un grand moment. Après avoir adoré Le Gamin au vélo, Rosetta et l’Enfant (surtout la fin), Deux jours une nuit va venir rejoindre le groupe.
On remarque que les Dardenne ne sont plus tout à fait ceux d’il y a quinze ans, la caméra est moins proche des personnages, les longs plans séquences de dos, collant à la peau de Rosetta sont devenus absents. Malgré que leurs films traitent toujours d’une certaine misère sociale, ils ont réussi à se renouveler admirablement, et sans que ce soit moins bien qu’avant (et encore, je n’ai pas vu tous leurs films). Parce que du beau dans Deux jours une nuit il y en a.
Le film ne pouvait qu’être bon avec un sujet pareil, extrêmement fort, et traité avec la sobriété et la tendresse qui convient. Sandra doit être forte pour s’en sortir, elle n’a pas le choix, et ce malgré toutes les merdes qui lui arrivent. Et le film est merveilleux pour ça, c’est un formidable message d’espoir, j’en prends pour preuve la fin, qui est juste belle à en chialer. Alors que le film pourrait être triste, déprimant (reproche qu’on fait souvent aux réals), il est au contraire stimulant, et la fin, que je ne vais pas raconter (ce serait criminel, mais sachez simplement qu’elle est d’une grande intelligence) SPOIL donne la pêche. Le film donne vraiment envie de se battre, de repartir dans cette aventure qu’est la vie.
Une de mes scènes préférées, c’est quand Cotillard (particulièrement excellente, fragile mais forte, belle, incroyablement vraie) et son mari écoutent une chanson dans la voiture. Ça m’a rappelé une scène de voiture entre Cécile de France et le gosse dans Le Gamin au vélo qui m’avait marqué elle aussi par sa justesse.
La narration est répétitive, mais le film n’est pas chiant pour autant, et même mieux à chaque entretien on comprend les gens qui ont besoin de leur prime, mais qui n’ont pas pour autant envie de voir Sandra sur le trottoir. Il n’y a que des humains là-dedans, même lorsqu’une gonzesse fait semblant de ne pas être là parce qu’elle n’a pas envie de parler à Sandra, bien qu’on puisse trouver ça dégueulasse quelque part on la comprend, je ne suis pas sûr que j’aurais fait autre chose moi-même.
Ah et c’est un détail, mais je suis toujours ravi de voir la tête de Gourmet, même si c’est pour une petite apparition de rien du tout, je crois que j’adore cet acteur (bon son talent aide bien).
Enfin voilà, que voulez-vous dire ? C’est un excellent sujet traité avec beaucoup de talent, beaucoup d’intelligence, d’une grande beauté (il y a vraiment beaucoup de scènes sublimes, dont celle que j’ai cité dans la voiture, où on atteint tout simplement une vérité et une beauté). Et cette fin, mon dieu, que c’était beau. Que c’était juste. Qu’elle donne envie de croire en la vie !
(SPOIL bon je ne résiste pas à écrire ça : « On s’est bien battu. Je suis heureuse » SPOIL).
En un mot : émotion.