Deux ou trois choses que je sais d'elle par Maqroll
Dans la période qui précède immédiatement mai 68, Godard balaie les caractéristiques de la société gaulliste et capitaliste d’alors pour en dégager une critique au vitriol. Tout au long de petites séquences, où l’on retrouve quelques personnages qui se croisent, sa voix au timbre si particulier vient ponctuer le film de réflexions philosophiques, prolongées par les personnages eux-mêmes qui, de leur situation, viennent poursuivre le propos de l’auteur. Le personnage central, joué par Marina Vlady, est celui d’une jeune femme, mariée et mère de famille, qui se prostitue pour pouvoir être plus à l’aise dans la société de consommation. La fin fait un sort à cette plaie des médias modernes qu’est la publicité… Pour constater que le phénomène n’est pourtant pas si récent, il suffit de se souvenir que Walter Benjamin en parlait déjà dans son Paris capitale du XIXe siècle ! Un très bon film de sociologie et de politique auquel il manque toutefois un peu de cette poésie qui parsème l’œuvre de Godard, qui se prend ici un peu trop au sérieux à mon goût.