Marina Vlady, en plus d'être agréable à regarder, est visiblement une des seules à avoir tourné avec Godard sans paraître être totalement à la ramasse avec la prose très particulière des dialogues du réalisateur, la photographie en couleurs de Raoul Coutard caresse toujours l’œil et montre que la beauté n'est pas du tout incompatible avec un sujet réaliste, parce que j'ai bien aimé aussi ces petites scènes de vie quotidienne où pendant ces dernières la protagoniste ou une badaud parlent en soliloques sur leurs espoirs ou plutôt leurs désespoirs en l'avenir.
Mais Jean-Luc Godard reste toujours Jean-Luc Godard, et comme le dirait les Inconnus c'est souvent emmerdifiant. Le sujet, le portrait sociologique du Paris de 1966 à travers celui d'une épouse mère de famille prostituée occasionnelle, très bien, et quand on reste sur ce sujet le film est intéressant... Ouais, mais pourquoi pas ajouter du texte marxisto-communisto-machin chose à deux balles, ce serait dommage de ne pas être totalement à côté de la plaque en essayant de faire croire que c'est profond et intelligent, et puis pourquoi pas le président Johnson et la guerre du Vietnam, ça sert à que dalle mais ça donne l'impression d'être engagé, et puis ce dernier plan avec un paquet de nouilles Lustucru, un paquet de chewing-gum Hollywood et je ne sais plus quoi d'autres pour dire oh regardez comme je dénonce trop la société de consommation, oh là là, tellement tape à l’œil, tellement vide.
Bref, on prend un sujet intéressant et on plaque inutilement et au petit bonheur la chance d'autres sujets qui n'ont absolument rien à faire ici, n'étant pas compatibles les uns avec les autres. Ajoutez à cela une voix-off assurée par le réalisateur lui-même qui donne l'impression d'un grésillement façon Canal+ pas en clair.
Décidément, à part pour Pierrot le fou, Godard et moi, nous sommes réellement incompatibles.