Godard, réalisateur bobo intello. C'est un vrai cinéphile, alors forcément, il a besoin d'étaler toute sa culture et montrer qu'il est méga intelligent, que c'est lui qui a le plus gros dard (ok c'était nul, mais tellement tentant). Au mieux, ça donne des films expérimentaux et intéressants comme A bout de souffle ou le Mépris, au pire, ça donne cette horreur dégoulinant de prétention.

Mon Dieu mais qu'est-ce que c'est chiant ! La nana qui parle à la caméra : juste insupportable. Il manque une chose chez Godard : du naturel, un goût pour l'intrigue, le goût de raconter une histoire. Non, ça il ne connait pas, il a ce besoin compulsif de tout intellectualiser à hautes doses, si bien qu'au final c'est de la poudre aux yeux. C'est un peu comme une toile d'art contemporain à la Yves Klein, voilà que je te fais un monochrome bleu. C'est original et puis de toute façon on pourra forcément l'interpréter de façon à le faire passer pour un artiste méga talentueux. Oui mais la technique ne suffit pas, l'audace non plus, ce n'est pas le même plaisir chez le destinataire qui doit apparaître comme le membre d'une élite intellectuelle. On veut casser des codes mais on en crée des nouveaux uniquement perceptibles par des connaisseurs, les autres n'apprécieront pas. On rentre dans l'intellect pur.
Tout aussi insupportable : la petite voix chuchoteuse qui nous lance des longues tirades trop intelligentes. Assez ! Je ne sais si je dois rire ou m'irriter, parce que ça a un côté clairement ridicule. Peut-être pas à l'époque, mais désolé si je vois et interprète ce film avec mon cerveau d'homme né à la fin du XXème siècle. Ca prouverait peut-être que l'œuvre a très mal vieilli, tombant dans des clichés ridicules.
J'ai l'impression que le scénario n'est qu'un vulgaire prétexte à nous balancer plein de vérités sur le cinéma et le monde et à faire plein de trucs plus ou moins stylés avec la caméra. Il y a une certaine innovation, je reconnais, mais je ne pense pas que l'innovation soit toujours une chose positive, contrairement au discours ambiant de notre début de XXIème siècle. Autre chose : tous les films détiennent leur lot de vérités, et il n'est pas toujours nécessaire de faire appel à une voix off pour les soumettre "mystérieusement" avec un style des plus gonflants. Un vrai bon film peut raconter une histoire, une vraie, et sous-entendre des choses complexes et très intelligentes à la fois, que le spectateur pourra ou non essayer de découvrir.
Pour l'interprétation du film, j'imagine bien que l'ensemble doit être riche de sens et qu'un critique conquis peut ici s'éclater. Mais seuls les critiques aimeront, et encore, pas tous. Je laisserai le soin à d'autres de m'étaler leur interprétation, interprétation qui pourrait m'intéresser.

Futile, trop de style tue le film. Dommage ! J'ai pourtant apprécié A bout de souffle et le Mépris, au bord de ce gouffre de pédanterie...

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le 19 janv. 2012

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King-Jo

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