L'enfer et le paradis
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Palme d'Or de l'année 2015 Dheepan est de ces films entièrement clivants suscitant la, les polémiques : tantôt salué par les aficionados du Cinéma de Jacques Audiard, tantôt décrié en raison de sa dimension caricaturale concernant les banlieues françaises le septième long métrage de l'auteur de Un Prophète n'est ni le chef d'oeuvre annoncé par le jury cannois ni le film abject et nauséabond rejeté par ses détracteurs. Ni plus ni moins qu'un très bon film Dheepan renoue avec la noirceur (sub)urbaine des précédents films du réalisateur, noirceur éludée par la parenthèse mélodramatique que constituait le beau, efficace mais un rien décevant De rouille et d'Os.
Si son écriture pèche par défaut de cohésion Dheepan témoigne une fois encore d'une mise en scène de haute tenue. Aucunement réaliste et purement fictif le décorum dudit film relève davantage du fantasme de Cinéma que d'une approche documentaire, montrant sous un jour sensationnaliste les banlieues françaises : ici les habitants de la cité dépeinte par Audiard, Debré et Bidegain sont pratiquement les victimes d'une psychose généralisée, montrant une France inhospitalière et hostile, aux antipodes d'une Grande Bretagne idéalisée par la figure féminine principale du métrage (contrée accueillante clôturant de ce point de vue ledit film par un happy end trop gros pour être vrai...).
Si l'on aborde Dheepan par le prisme de cet irréalisme, ce sens du romanesque débarrassé de prosaïsme dramaturgique ledit film devient totalement regardable ; certainement peu nuancé dans son approche parfois misérabiliste et surtout bigger than life au point de virer au vigilante assez bas du front dans sa dernière demi-heure ce drame flottant et anxiogène montre une figure titulaire et sa famille factice entrain de reproduire les schèmes d'une violence politique dans le microcosme d'une cité au climat de terreur affolant, à ce point grotesque que nous ne pourrons y voir autre chose que du Cinéma : caïds à l'américaine symbolisés par le personnage interprété par l'excellent Vincent Rottiers, déni de réalité pris à bras-le-corps par le sri-lankais tentant vainement de "marquer son territoire", séquences de fusillade proprement excessives voire improbables...
Certes le film témoigne d'une écriture parfois erratique, avec notamment un petit ventre mou dans son troisième et dernier acte. Nullement bien-pensant ( la France y est horriblement re-présentée ) ni forcément réactionnaire ( Audiard préfère narrer une fable plutôt que de dresser un constat inductif sur l'état de son pays ) Dheepan se doit d'être vu comme un drame citadin noir et déliquescent, manquant certes de contrepoint mais clairement défendable dans sa conduction et sa vision d'ensemble. J'aime beaucoup.
Créée
le 7 oct. 2024
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