L'enfer et le paradis
Trois années après De Rouille et d'os, Jacques Audiard revient avec Dheepan, tout juste auréolé d'une première palme d'or pour lui, où il va mettre en scène le destin d'un ancien soldat rebelle,...
le 29 août 2015
59 j'aime
12
Quand on s’appelle Jacques Audiard et qu’on obtient le sésame le plus précieux du festival de Cannes, on s’attend à ce que celui-ci ait du talent. Mais quand on voit Dheepan, on se demande bien comment on a pu tomber si bas.
On se demande même ce qui se passe dans la tête des jurés ces dernières années, quand des films changent réellement notre vision du média, et repartent bredouille au profit de films médiocres, populaires et à la patte d’auteur opportuniste. Dheepan fait parti de ces derniers, un film dans l’air du temps, traitant, évidemment, d’un sujet qui fâche : l’immigration. Loin de l’idée de vouloir mettre à mal ce sujet, il doit convenir d’un vrai traitement de fond, d’une ligne directrice ; ce qu’Audiard ne fait absolument pas car il essaie de manger à tous les râteliers entre le film social et celui de genre. Dheepan narre alors le récit du héros éponyme, fuyant son pays en guerre pour rejoindre une cité française en proie au trafic, la violence et l’intimidation. Tout le problème réside dans le fait que Dheepan essaie de créer du cinéma avec un sujet bien réel, sans prendre la peine de voir si il franchit la limite réactionnaire. Misérabiliste, le film ne fait que s’engoncer dans le malheur et la peur, à l’image de cette photographie grisâtre et peu travaillé, rappelant un mauvais clip de rap français. Audiard en vient même à sacrifier ses personnages, car si il explique que ceux-là n’ont pas d’autres alternatives que la violence, il n’essaie pas de leur insuffler de l’espoir. Il sont voués à mourir, à subir la loi du plus fort, car il en est ainsi. Ou bien est-ce tout simplement qu’il les considère comme des idiots, asservi à leurs plus bas instincts ?
Dheepan est une honte parce qu’il essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, et essaie d’en récolter les lauriers. Un film d’auteur ? Certainement pas car en plus Audiard reste au ras des pâquerettes, aussi bien dans la critique sociale que son récit de genre, finalement convenu et facile. De l’esthétique proche du clip à cette chronique sociale bourrées de lieux communs (le regard des autres à l’école, la barrière du langage), on préfère oublier et croire que le jury a fait une erreur d’appréciation car Dheepan ressemble presque à un reportage télé, jusqu’à son final torché, définitive preuve du manque d’implication de son réalisateur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Année 2015 - Cinéma, Le pire du cinéma en 2015 et Flop 2015 - Cinéma
Créée
le 3 sept. 2015
Critique lue 345 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Dheepan
Trois années après De Rouille et d'os, Jacques Audiard revient avec Dheepan, tout juste auréolé d'une première palme d'or pour lui, où il va mettre en scène le destin d'un ancien soldat rebelle,...
le 29 août 2015
59 j'aime
12
La difficulté, tout le monde l’aura immédiatement perçue, est que l’on assiste à deux films en un, consécutifs et juxtaposés, avec un gros hiatus, un document réaliste, presque naturaliste et assez...
Par
le 21 sept. 2015
44 j'aime
7
Un des principaux reproches adressés à l'époque, de manière un peu hâtive ou au moins légère, est cette recherche frénétique du like sous toutes ses formes, sur toutes les plateformes numériques...
Par
le 26 janv. 2016
41 j'aime
39
Du même critique
A lire sur Cinématraque Nous avons tous perdu l’être aimé, dans la mort ou dans la rupture. Quand un couple se divise, ce n’est pas simplement une relation qui s’arrête, mais tout ce qu’elle a...
le 4 sept. 2017
22 j'aime
6
Depuis plus de cinquante ans, les films sur la guerre sont présents dans l'histoire du cinéma. Justement parce qu'ils servent, en général, à juger, critiquer, remettre dans un contexte ou même...
le 12 mars 2014
22 j'aime
Ce n’est pas si souvent qu’un remake soit pertinent et intelligent. Et qu’il soit en plus si bien pensé qu’il arrive à rester encore dans un coin de notre esprit quelques jours après le visionnage...
le 29 janv. 2014
19 j'aime
1