Si je voulais simplifier je résumerai avec un "Les 400 coups vu côté filles".
Et c'est vrai qu'à l'instar du film culte de François Truffaut, le premier long-métrage de Diane Kurys sait mettre le doigt juste sur ce mélange d'enfance et d'adolescence des années 60, avant les grands bouleversements amenés par mai 68 avec humour mais aussi gravité.


Véritable succès culte lors de sa sortie en salles (3 013 638 entrées, on a du mal à imaginer) et classé 6ème du box office 1977, le film de Kurys touche toujours autant malgré la distance de par son aspect plus qu'universel où, uniforme ou pas, on ne peut que se retrouver. Ces profs dépassés, parfois totalement incompétents, parfois totalement injustes, on a connus nous aussi. Les premiers émois avec maladresse, aussi.


Là où le film pourrait avoir un peu "vieilli" ou paraître daté et qui de mon côté m'a touché, c'est la parfaite reconstitution de ces années là (validé d'ailleurs par ma mère qui s'y est retrouvée) : le film ne se limite pas juste aux salles de classes ou à la cour de l'école (non mixte l'école d'ailleurs à l'époque) mais aborde bien ce qui est tout autour. En témoigne la scène la plus touchante où au milieu d'élèves qui attendent tous avec impatience la sonnerie pour profiter de la cours, une jeune fille arrive à témoigner, au bord de la rupture, des événements tragiques s'étant déroulés au métro Charonne, deux ans avant. Quand la sonnerie retentit, tout le monde sort, sauf cette jeune fille, comme paralysée, bloquée dans un passé pas si lointain (on est en 1963).


Surtout le film aura été la révélation de jeunes talents très vite éclipsés. Ainsi d'Eleonore Klarwein (Anne) alors âgée de 14 ans et dont c'était le premier film. On la retrouvera ensuite dans 4,5 autres long-métrages avant qu'elle ne disparaisse totalement des plateaux. Odile Michel (Frédérique), qui joue la grande soeur d'Anne, pareil. Tout le jeune casting d'ailleurs y passe. Il semble que le cinéma n'était pas forcément leur vocation, et c'est dommage car ici toutes les jeunes filles représentées sont criantes de naturel : parfaites incarnation de la jeunesse d'alors comme parfait témoignage de l'époque en elle-même.


Diane Kurys nourrit une bonne partie du film de ses propres souvenirs. Et n'hésite pas à broder avec ses amis du Splendid pour certains gags bien sentis. Et c'est aussi l'occasion d'une belle revanche pour elle sur toutes les brimades de son passé : filmer dans le même établissement où elle fut elle-même collégienne, et donc raconter en partie sa vie, c'est là une belle catharsis sur pellicule.

Nio_Lynes
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le 24 août 2017

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Nio_Lynes

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