Diamant brut, le premier long-métrage d'Agathe Riedinger, semble très inspiré par l'univers marginal, précaire et "à côté du conte" de Sean Baker (Florida Project notamment, Anora par ailleurs), et peut aussi se lire à côté de Rien à foutre, d'Emmanuel Marre et Julie Lecoustre.
En bref, le film retrace le chemin qu'une jeune adulte doit parcourir et assumer pour correspondre aux codes des influenceuses de télé-réalité. S'il y a une forme de critique de ce diktat de la beauté et de l'hypersexualisation, elle n'est pas si clair que cela (on la ressent surtout dans la scène du casting et dans celle de la danse). C'est la description d'un milieu jeune, précaire mais qui veut croire en des rêves auxquels on lui laisse espérer, qui est plus original. Tout le parcours pour correspondre aux codes de l'émission, maquillage outrancier, faux ongles, faux seins, fausses mèches, ne fait que cacher la vraie jeune femme, sensible et touchante - mais pas autant qu'Anora.
La place de la religion catholique dans la vie de Liane est étrange et donne au film un côté mystique assez troublant, notamment via la présence de pavés de commentaires de réseaux sociaux à la typographie majuscule et solennelle, mêlant prières et insultes. Comme si les deux mondes devaient se côtoyer. Comme si la téléréalité était une nouvelle religion et ses stars, incomprises de leur entourage, des prophètesses modernes (du capitalisme). En cela, le film n'a rien de révolutionnaire, là où Rien à foutre était déjà plus politique, et on peut entendre les critiques de "bourgeois gaze" dans ce sens, plutôt qu'un autre (cf. Critique du film par Lucie Commeaux pour France Culture).