Arthur Harari nous livre ici un détournement du film classique de vengeance, où la dimension psychologique l'emporte vite sur l'aspect policier.
Définitivement privé de père, du fait de la mort de celui-ci, et alors qu'il avait perdu contact avec lui depuis de longues années, Pier Ulmann se lance dans un projet de vengeance qui s'exercerait contre la branche paternelle de sa famille ; des individus fortunés qu'il connaît mal, mais qu'il juge responsables de la déchéance physique et sociale de son père, puisque celui-ci a eu, jeune, la main broyée lors d'une séance de taille de diamants, exercice dans lequel il excellait. C'est ainsi que, invité par son cousin Gabi, excellemment campé par l'acteur allemand August Diehl, irritant et charmeur à souhait, débordant de la désinvolture et de l'aisance que confère la richesse, il va s'immerger dans le milieu des diamantaires d'Anvers.
Plus encore que sur l'accomplissement de la vengeance, le suspense de l'intrigue va dès lors se concentrer sur la question des choix et de l'orientation du héros parmi les différents pères dont il s'est entouré : le père mort, longtemps inexistant et ne recouvrant son statut de père que par son décès ; son père en transgression, Rachid, très humainement incarné par le regretté
Abdel Hafed Benotman ; un ami et collègue de son oncle haï qui le prend très paternellement sous sa coupe et lui enseigne l'art de la taille, lui permettant ainsi de renouer avec l'héritage paternel...
Si la caméra se plaît fréquemment, grâce aux loupes hyper grossissantes, à plonger au cœur de l'éclat fascinant des diamants, il apparaît finalement que la pierre la plus précieuse, la plus singulière et présentant les facettes les plus nombreuses et les plus insoupçonnées est bien l'unique et impénétrable diamant noir de l'âme...