Elle danse en boite de nuit, échange quelques mots avec un Écossais avant de l’embrasser à pleine bouche ; elle rit, s’amuse, profite. Diane, c’est elle. Telle qu’on la rencontre dans la séquence d’ouverture de ce premier long-métrage. Une trentenaire fantasque qui croque la vie à pleines dents et ne s’embarrasse pas des préjugés parce que, franchement, « on s’en fout. »
Alors qu’elle est à la campagne en train de retaper l’ancienne maison de ses grands-parents, elle fait connaissance avec Fabrizio, l’électricien. Une histoire se noue, mais… Diane est enceinte de 3 mois. Cet enfant, c’est pour son meilleur ami et son compagnon qu’elle le porte.
Film en totale adéquation avec son époque, Diane a les épaules aborde la sensible question de la gestation pour autrui ; et toute sa force, c’est qu’il le fait avec naturel. Diane veut porter l’enfant de ses amis, un couple gay, et alors ? Aussi loin du film à thèse que de la comédie mièvre, le premier long-métrage de Fabien Gorgeart trouve le ton adéquat pour aborder un sujet qui divise la société française. Un ton enlevé, qui doit beaucoup à Clotilde Hesme, pétillante à souhait dans le rôle de Diane. Qu’elle s’essaie au taï-chi-chuan dans son jardin ou se contorsionne – ventre de sixième mois de grossesse oblige ! – pour se faire les ongles des pieds, elle est absolument irrésistible de drôlerie.
Égrenant les mois comme un calendrier prénatal, le film avance au rythme des doutes de son héroïne. Tiraillée entre Fabrizio, son nouvel amour, et Thomas, son meilleur ami et père du bébé, Diane ne sait plus comment se positionner. Un trouble existentiel parfaitement rendu par les difficultés qu’elle éprouve à se mouvoir avec ce corps de plus en plus imposant.
Dans sa dernière partie, le film gagne en intensité : l’émotion, jusque-là contrebalancée par des moments de pure comédie, prend toute la place. Diane a à peine accouché que la voilà repartie vivre sa vie. Un soir, entraînée par une amie, elle vient voir sa fille. Elle ressent un indéfectible lien se créer avec ce petit être. Elle lui parle, lui dit que se souvenir qu’elle a été dans son ventre n’est pas nécessaire, que ses pères sont des gens sérieux ce qu’elle n’est pas… Moment fort, mais Diane sait ce qu’elle fait. Elle s’en va et reprend contact avec Fabrizio. Oui, Diane a les épaules.
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