Découvert à Cannes en 2011, "Dias de gracia" est le premier film d'Everardo Gout qui, pour son baptême du feu, associe deux institutions mexicaines: la coupe du monde de football et... le kidnapping.
On suit donc trois intrigues parallèles pendant les jours de grâce, trêve fragile entre la police et les gangsters locaux, trois unités de temps (2002, 2006 et 2010) et le double de points de vue, allant du flic incorruptible aux kidnappeurs en passant par une victime et une famille dont le patriarche vient d'être enlevé.
Un scénario alambiqué que le cinéaste rend pratiquement limpide grâce à un style particulier, optant pour un format différent pour chaque époque. Un procédé original bien que casse-gueule, tant le spectateur mettra un certain temps à s'habituer. D'autant que si le ratio 3.10 doit avoir une certaine gueule dans une salle de cinéma, le visionnage sur un téléviseur lambda impose de sacrée bandes noires des deux côtés de l'écran, rendant la lisibilité limitée.
Comme toute première oeuvre, "Dias de gracia" est aussi foisonnante que maladroite, aussi généreuse que bancale (le twist final est quand même bien tiré par les cheveux) mais témoigne d'un véritable style, Everardo Gout signant un film sec et violent, sans concession, quelque part entre "Traffic", "Tropa de elite" et le cinéma d'Innaritu, maniant la caméra avec une certaine maîtrise et une envie d'en découdre, nous offrant quelques instants de pure adrénaline, que ce soit dans l'action ou l'émotion. Un cinéaste à suivre de très près.