Die Bad
5.7
Die Bad

Film de Ryoo Seung-Wan (2000)

Die Bad (2000) - 죽거나 혹은 나쁘거나 / 98 min
Réalisateur : Ryoo Seung-wan - 류승환.
Casting principal : Ryoo Seung-wan - 류승환 ; Ryoo Seung-bum - 루릉범 ;
Mots-clefs : Corée - Violence - Jeunesse - Mafia


Le pitch :
Seong Bin a la vingtaine. Il traîne dans un billard avec son frère Seok Hwan et une bagarre avec une autre école explose. Là, il tue involontairement un des élèves, et se retrouve condamné à une peine de sept ans de prison. Lorsqu'il sort, il ne parvient pas à se réintégrer à la société, et rejoint alors un gang mafieux dirigé par un chef dont il a sauvé la vie.


Premières impressions :
D’ici quelques jours, je devrais avoir la possibilité de rencontrer Ryoo Seung-wan et de l'interviewer pour Asialyst.com. Alors, histoire de faire les choses correctement, j'ai décidé de me replonger (ou de me fader, c'est selon) sa filmographie, à commencer par son tout premier long métrage : Die Bad. En 1997, Ryoo Seung-wan débute dans le cinéma en étant l’assistant de Park Chan-wook sur Saminjo, et très vite il tourne deux courts métrages qui lui vaudront une certaine reconnaissance, puis par la suite deux autres segments. Mis bout-à-bouts en 2000, ces quatre petits films forment Die Bad, l’histoire de gars bagarreurs qui vont se trouver entrainés dans le milieu de la pègre. Le film sort sur quatre écrans…et fait un carton en réunissant 80 000 spectateurs. Un sacré succès pour un truc tourné en caméra 16mm par deux frangins qui n’y connaissent pas encore grand-chose.


Die Bad est, comme son nom l’indique, un film nerveux, bagarreur, emprunts de l'énergie de la jeunesse. L’histoire est minimaliste, mais la baston renvoie une sacrée force et les choix des personnages portent à conséquences. Le film a beau respirer l’amateurisme avec ses plongées / contre-plongée trop appuyées, sa caméra parfois au ras du sol ou encore qui colle au visage de ses personnages, il dégage un style et une vision très claire de ce que son réalisateur voulait faire et il faut bien dire que c'est assez marrant de découvrir, 23 ans plus tard, le cinéma fauché du réalisateur de Battleship Island (2017). On y découvre un jeune homme rageur qui a envie de bouffer le cinéma, à cent lieues du patriotisme et du consensuel du film susnommé. Dans son premier film, le gars n’hésitait pas à mélanger la rixe adolescente à la caméra nerveuse, le film nihiliste posé en noir & blanc, et même l’interview documentaire dans une troisième partie étonnante où les différents personnages, flic et petites frappes, présentent leur job comme si la télé était venue les visiter.


Avant de devenir le réalisateur que l’on connait, Ryoo Seung-wan, est surtout un type qui est né dans la lointaine banlieue sud de Seoul. Un garçon qui adolescent, a bouffé du film d'action hong-kongais à la chaine tandis que la génération de ses grands-frères et sœurs se battaient littéralement dans la rue pour la démocratie. Trop jeune pour réellement participer aux émeutes de 1987, il n’avait que 13 ans en juin, ces évènements et les grandes manifestations des années 90 ont forcément marqué sa jeunesse et ont dû alimenter la croyance qu'il était possible de s'en sortir en se battant et c’est toute cette violence internalisée qui rejaillit à l'écran dans Die Bad. Cependant, il serait faux de dire que le film n’est qu’un agglomérat de scènes de bastons brainless. En effet, lorsque Ryoo Seung-wan tourne ses premiers films, la Corée du Sud plonge dans une dure crise économique et doit faire appel au FMI qui met en place des mesures drastiques. La jeunesse qui avait été bercée d’idéaux de liberté et s’était battu pendant dix ans pour faire de la Corée un pays démocratique, rencontrait violemment le mur de la dette nationale et les difficultés financières. Je fais peut-être fausse route, mais au-delà de sa violence, Die Bad suinte d’une réelle désillusion de cette jeunesse qui s’était battue pour changer de condition et dont les parents perdaient toute fortune dans la crise économique. Il y a là déjà les prémices du fort besoin de justice, du regard sociétal que portera bien plus tard le réalisateur dans Vétéran (2015).


Pour conclure, si Die Bad est un petit film de baston, il n’en reste pas moins un film qui regorge d’idée de cinéma et qui porte en lui les graines de l’homme que deviendra Ryoo Seung-wan par la suite. À ma connaissance le film n’est pas distribué en France est n’est disponible que par des moyens détournés, cela dit, si vous aimez le réalisateur et que vous voulez vous plonger dans l’origine de ce qu’il fera plus tard, cela peut valoir le coup de chercher un peu sur la toile.

GwenaelGermain
5
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Créée

le 24 oct. 2023

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