Pour se situer dans la saga de John McClane, perso j'aime beaucoup Die Hard 1 - Piège de cristal de John McTiernan, avec le tant regretté Alan Rickman dans le rôle du bad guy Hans Gruber. Piège de cristal, c'est une légende ! Ensuite, Die Hard 3 - Une journée en enfer (toujours avec John McTiernan aux commandes) est l'un de mes buddy movies préférés, avec une alchimie parfaite entre John et Zeus (Bruce Willis et Samuel L. Jackson y sont pour beaucoup) et un méchant Simon Gruber (Jeremy Irons) de la même trempe que son frère. Quant à Die Hard 4 - Retour en enfer, c'est un petit plaisir coupable que j'ai envie de défendre. On est loin du niveau de l'épisode précédent, mais en même temps c'était mission impossible de faire une suite meilleure qu'Une journée en enfer. En fait, il n'est pas si mal que ça ce Die Hard 4 - Retour en enfer de Len Wiseman et je le mettrais spontanément à peu près au même rang que le Die Hard 2 - 58 minutes pour vivre de Renny Harlin, mais pas pour les mêmes raisons.
John McClane (Bruce Willis) est un dinosaure à la carrière en dents de scie, héros malgré lui, qui ne voit jamais ses gosses. Et puis voilà qu'on lui confie la protection de Matt (Justin Long) un gosse aux antipodes de lui. John est perdu dans un monde qu'il comprend à peine, un homme d'action, un reliquat du passé perdu dans un monde d'hacking et de progrès technologique ! John McClane est fait pour ça, parce qu'il est bien plus qu'un bourrin bas du front, ainsi qu'un père qui a foiré avec son fils et qui veut enfin se racheter (être le père qu'il n'a jamais été). Matt devient l'image d'un fils spirituel !
De son côté, Matt (le complotiste, le hackeur borderline, le osef de la vie réelle, le petit nolife qui fantasme de foutre le système en berne) devient meilleur en face de John, apprenant que la vie ne se résume pas à un code binaire qui n'offre que deux possibilités (1 ou 0). Et là, on aurait pu pousser sur le fait que dans ce bordel ambiant, il ne parle jamais de son père ou de ses parents. John devient alors une extension paternelle et protectrice qui fait de ce petit hackeur souffreteux, ayant toujours besoin de sucre de peur de s'évanouir, un petit héros capable de tuer ou de prendre une balle. Matt évolue durant le film, il devient John McClane, ce qui ce qui fait parfaitement écho à la figure paternelle.
Le point fort du film c'est la dynamique entre Matt et John, deux personnages que tout sépare. A force de se côtoyer, ils apprennent beaucoup l'un de l'autre. Matt embrasse la bravoure, ou la folie, et décide d'agir en défaisant le bordel qu'il a créé. De son côté, John devient enfin le père qu'il n'a jamais été, en décidant de suivre ce gosse malgré son envie de laisser tomber et se barrer, parce qu'il ne se sent pas l'âme du héros. On peut faire un parallèle entre les deux personnages. Au début, Matt est un gamin apeuré, un geek qui vit dans son appartement plein de ses figurines qu'il collectionne, avec un asthme chronique et des idées délirantes sur le monde. Et il finit par devenir un homme, en prenant parti pour une juste cause et en la menant jusqu'au bout. Grâce à John, il se distingue par sa bravoure et devient l'un des héros fantasmés de son enfance, mais sans pour autant penser vraiment l'être, car à la fin il reste encore ce gamin chétif qui ne s'en sortira pas sans séquelles.
Au début, John est un homme qui ne sait pas être père. On voit sa difficulté à assumer ce rôle avec sa propre fille (la superbe Mary Elizabeth Winstead), en menaçant maladroitement son petit copain. C'est le jouet d'un destin qui le hante, un gars qui a raté sa vie, qui mange seul et vit seul, comme il l'avoue à Matt. Sans ami (mais où sont passés le sergent Al Powell et Zeus ?), sans famille, il a un gros vide à combler. Et au milieu de tout ça, il y a un gosse qui a enfin besoin de lui ! John ne peut pas l'abandonner, car c'est un père qui veut enfin assumer son rôle et un flic qui ne peut pas abandonner un civil en danger. Et puis, après tout qu'est-ce qui l'attend ? Une maison vide ? Un repas en solo ? Un énième rejet de sa fille ? Pour finir, il endosse vraiment son rôle de héros, il gagne la reconnaissance de sa fille qui reprend le nom de McClane et gagne possiblement un fils spirituel.
Die Hard 4 est un film d'action et un buddy movie très agréable, mais qui tombe trop souvent dans le "too much". Ça monte crescendo, jusqu'au délire héroïque d'un mec de près de 50 balais qui peut détruire un hélico avec une voiture. Quant à la scène avec l'avion de chasse, c'est carrément du grand n'importe quoi, vu la vitesse nécessaire pour que ça puisse voler ce mchin là. On peut prendre des libertés avec la réalité, mais passé un certain degré de non-crédibilité, moi je décroche et je n'arrive plus à me projeter dans le film. Les Die Hard avaient un côté réaliste jusque-là et c'était leur grande force. John McClane, ce n'est pas Rambo, ce n'est pas Terminator, quoi ! Du coup, avec Die Hard 4 on est assis le cul entre deux chaises et on ne sait plus qui est John McClane. Est-ce un homme brisé qui ne trouve plus sa place dans le monde actuel ? Ou est-ce ce héros invincible qui pilote des avions de chasse et qui détruit un hélico avec une voiture ?
Quant au méchant Thomas Gabriel (Timothy Olyphant), il est anecdotique. Die hard, ce sont des méchants mythiques (Hans Gruber et son frère Simon) incarnés par des acteurs non moins mythique (Alan Rickman et Jeremy Irons). Dans Die Hard 4, Gabriel a un plan mythique certes, mais lui c'est un méchant plat et sans saveur. C'est une version discount des terroristes patriotiques qu'on peut voir dans d'autres films. Gabriel est un narcissique qui manipule son monde pour prendre crédit de leur travail. Il n'agit pas, il utilise tous ses pions pour faire le sale travail. Sans démériter, Timothy Olyphant faisant de son mieux, Gabriel est un méchant anecdotique qui n'arrive pas à la cheville d'un Grubber.
Bref, tout ça c'est hautement divertissant, les scènes d'actions sont spectaculaires et l'histoire est rythmée, mais le manque de suspense et les facilitées scénaristiques handicapent vraiment le film, c'est dommage ! Malgré tout, j'aime bien Die Hard 4, pour ce duo improbable d'un homme las et esseulé dans un monde qui change trop vite, se retrouvant avec un gosse dans les pattes, un geek tout aussi esseulé que lui car enfermé dans un monde virtuel. Et puis, il y a le plaisir de retrouver Bruce Willis dans la peau de John McClane, toujours égal à lui-même. Il n'a plus un poil sur le caillou, mais n'a rien perdu de son charisme.