Qui aurait pu penser que John McClane, personnage emblématique du film d’action pure et dure, rôle mémorable qui lança la carrière de Bruce Willis, reviendrait encore sur les écrans 25 ans après l’incontournable Piège de Cristal ? Peu de gens, il est vrai. Surtout les fans, qui n’attendaient pas à se retrouver face à un quatrième opus, certes hautement divertissant, mais qui leur était quasi blasphématoire, cassant les codes érigés par les premiers opus de la saga. Vous avez râlez envers le film de Len Wiseman ? Avec ce cinquième épisode, Die Hard – Belle journée pour mourir, vous n’avez encore rien vu.
Si l’idée de retrouver ce cher McClane a toujours quelque chose d’alléchant sur le papier, le projet avait déjà de quoi faire dresser bien des poils, à commencer par le réalisateur. John Moore, un homme à qui nous devons En territoire ennemi, Le Vol du Phoenix, La Malédiction (le remake du long-métrage de Richard Donner) et Max Payne. Des films qui ont offert à leur cinéaste le titre de mauvais réalisateur auprès de l’inconscient collectif. Autre détail qui pouvait mettre la puce à l’oreille : sa durée de 1h38, alors que la moyenne d’un Die Hard tourne autour de 2h. Il est vrai que juger un film sur des a priori de ce calibre (surtout sur sa durée) peut paraître dérisoire. Mais dans le cadre de Die Hard 5, cela se présentait véritablement comme un signal d’alarme qui se confirme dès les premières secondes du long-métrage.
Le fil démarre part une introduction qui consiste à poser les bases de l’histoire, à savoir présenter rapidement les antagonistes et leur plan, ainsi que de mettre en avant la situation dans laquelle se met McClane Jr. (après la fille dans le 4, voici le fils…). Pour cela, on balance aux spectateurs diverses scènes sans réel lien ni transition potable, montées donc à la va-vite, qui ont bien du mal à captiver l’attention. Un effet brouillon qui ne donne nullement envie de suivre l’aventure (pour un début de film, ça ne le fait pas). Ensuite, John McClane arrive à l’écran. Dans la saga, c’est toujours fait de manière comique : une discussion insensée avec un passager d’avion (le 1), une jérémiade pour se faire sauter une contravention (le 2), une apparition en mode alcoolique (le 3) et une altercation avec sa fille non dénuée d’humour (le 4). Là, avec une caméra posée, une ambiance lourde et un manque flagrant de comique, s’en est presque dépressif de voir le personnage principal. Avec un prélude aussi loupé, difficile d’avoir une lueur d’espoir concernant le reste du film.
Pourtant, Die Hard 5 tente par tous les moyens d’affirmer son appartenance à la franchise, et ce pendant toute la durée du film. Le problème est qu’il le fait de manière beaucoup trop appuyée et surtout maladroite au possible. À tel point qu’il est obligé de passer par la référence inutile (faire un lien avec le film précédent en montrant la fille du héros, toujours jouée par Mary Elizabeth Winstead), par un running gag excessif qui ne fait plus rire (McClane qui balance au moins sept fois dans le film être en vacances) et même par un « Yippee-ki-yay » qui nous est jeté à la figure sans aucune imagination. Avoir un humour, bas de gamme qui plus est, et de l’action à gogo qui s’enchaîne juste histoire d’avoir de la fusillade et des explosions à outrance, cela ne fait pas d’un film d’action hollywoodien un Die Hard. Surtout quand ce dernier, qui veut à tout prix faire partie de la saga, ne possède aucune des qualités.
Qu’est-ce exactement un Die Hard ? C’est un divertissement dans lequel le héros se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Ici, il est sur place par choix (dans le but d’aller sauver son fils, se jetant donc volontairement dans la gueule du loup). Où le personnage secondaire est drôle et possède un charisme indéniable. Ici, JaI Courtney est aussi impressionnant qu’une huître avariée (de quoi regretter Samuel L. Jackson). Où les méchants ont une classe folle (rappelez-vous d’Alan Rickman et de Jeremy Irons). Ici, ils sont en surnombre (au moins trois principaux) et ne sont même pas fichus d’avoir une aura digne de ce nom, à cause de répliques à deux balles et de comédiens inconnus du grand public à côté de la plaque. Où l’action peut être démesurée sans jamais être véritablement invraisemblable. Ici, McClane se sort d’un carambolage monstre sans aucune égratignure (alors que le personnage est réputé pour son côté héroïque mais aussi sensible niveau blessures), se balade en marcel avec son fils dans un Tchernobyl pourtant irradié. Où Bruce Willis s’amuse comme un petit fou. Ici, il s’ennuie à mourir et cela se voit. Bref, la liste des comparaisons est bien longue pour dire que ce film n’a de Die Hard que le titre.
Si seulement le film pouvait se contenter d’être le pire Die Hard qui puisse exister à l’heure actuelle. Mais non, il est également un très mauvais film d’action. La faute au réalisateur John Moore. S’il sait faire exploser des véhicules, les envoyer dans le décor ou démolir ce dernier, il n’a aucun talent pour filmer et monter une séquence d’action. La première scène de course-poursuite dans Moscou est l’exemple le plus représentatif du film : un moment du long-métrage qui arrive à perdre le spectateur même avec une caméra fixe (qui ne bouge pas dans tous les sens comme dans Transformers) par des plans trop courts, montés de manière anarchique, faisant intervenir des personnages et véhicules sortant de nulle part, ne respectant jamais les divers éléments spatio-temporels (une voiture sur une route qui saute d’un pont apparu soudainement la seconde d’après). De l’action très mal fichue, qui n’explique pas quelques effets visuels n’ayant rien à faire dans ce type de film (le crash d’un hélico au ralenti, dont le plan semble tout droit sorti de Watchmen). Une hystérie illisible et incompréhensible qui ne titille nullement notre attention, jusqu’à un happy end des plus niaiseux qui puissent exister.
Un cinquième opus qui fait littéralement honte à la saga initiée par John McTiernan, qui a au moins le mérite de ne faire que 1h38 (finalement, cela reste la meilleure idée du film), clamant haut et fort qu’il serait temps de s’arrêter avant de continuer un éventuel massacre (un sixième et dernier film serait actuellement en projet). Une déception de taille qui se place au niveau des direct to video auxquels Bruce Willis semble désormais habitué pour toucher son cachet de comédien ne pensant qu’à l’argent comme un certain Nicolas Cage, au point d’enchaîner sans pudeur les bouses cinématographiques. Il y a de quoi crier à l’unisson « Yippee-ki-yay, pauvre con ! ». A Bad Day to Die Hard...