Ce film, qui est un collage quasi post-moderne, propose une critique de la purgation authentique des sentiments par différents genres, tels que le grand opéra romantique, la chanson ou le film noir. En effet, il semble que l'opéra, situé au centre de la ville capitaliste (apparition de l'usine Nestlé), soit le lieu de la fabrique de sentiments inauthentiques et de l'abolition authentique de la réflexion sur les sentiments. L'amour éternel de Kriemhilde pour Parsifal dans l'opéra de Wagner et le film de Lang, celui d'Aïda pour Radammès dans l'opéra de Verdi, celui de Gilda pour le Comte dans Rigoletto, celui de Valentine pour Raoul dans Les Huguenots, ne sont que la réduction de l'amour à la romance et un spectacle masochiste (ainsi que, peut-être, le reflet de l'idéologie bourgeoise).
Par exemple, il manquerait un cinquième acte, selon le commentaire off, à l'opéra de Verdi, dans lequel le peuple lapiderait les amants libérés, car ils ne penseraient qu'à leur propre amour. Nous voyons ailleurs un couple se déclarer son amour ; cependant, l'homme ment sur ses sentiments : ce mensonge, révélé par la rupture, pousse la femme à une tentative de suicide. La conception uniquement sentimentale de la relation est issue du mensonge romantique. La vérité romanesque de Madame Bovary s'apparente au message que transmet ce passage du film, car Emma finit par se suicider.
De même, la quête désespérée de la vie éternelle dans l'opéra de Janacek est-elle un témoin du masochisme de l'opéra. Siegfried également est obsédé par la quête d'un équivalent du Graal. Ces deux quêtes représentent le mythe de Tantale pour le spectateur, qui est tenté, mais jamais pleinement satisfait. Nous voyons, dans le film, un pompier qui laisse brûler l'opéra et un objet du décor, le Graal, afin de mettre fin à cette torture qu'inflige ce produit de l'industrie culturelle qu'est l'opéra.
De plus, par sa forme de collage, son usage d'un commentaire off objectif et critique, son aspect réflexif, son exigence intellectuelle, ce film se distingue du cinéma du "Père castrateur" qu'il critique.