Des 4 premiers films de la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska, un seul, très bon d'ailleurs, est parvenu sur les écrans français : Je suis de Titov Veles. Son dernier long-métrage pourrait sans problème porter un titre voisin : Je suis de Stip, du nom de la petite ville où se déroule l'action de Dieu existe, son nom est Petrunya, celle-là même où a eu lieu le fait réel qui conditionne tout le film. Le "lancer de croix" est en effet une pratique assez répandue dans les pays orthodoxes d'Europe de l'est et centrale, et notamment en Serbie et Macédoine. Et que s'est-il passé quand une femme, au mépris de toutes les traditions, s'est jetée à l'eau et a ramené la croix sur la berge ? Tout le monde ou presque s'est ligué contre la malheureuse : la police, l'Eglise, le bon peuple, sa famille ... C'est ce que raconte le film ou comment une règle considérée comme une loi intangible symbolise en fin de compte toute la misogynie d'une société. Si Dieu existe ... a parfois des accents de comédie, le film devient réellement effrayant quand la foule masculine se déchaîne et professe une telle haine des femmes qu'elle semble viscérale. Petrunya est une héroïne malgré elle, et surtout un symbole, on s'en doute, pour la réalisatrice, qui sait ce que machisme veut dire. Le portrait de Petrunya n'est pourtant pas d'une seule pièce et le film décrit son évolution et sa prise de conscience face à la violence ambiante. Il n'y a pas de schématisme primaire dans le film qui montre aussi une belle preuve de solidarité féminine (avec la journaliste) et quelques mentalités masculines qui ne sont pas totalement fermées au progrès. C'est néanmoins un film de combat et de colère qui se revendique féministe avec un bel entêtement et du talent dans sa mise en scène et son interprétation.