Pas aussi attendu que le titre le suggère, cette trilogie d'apparence anodine porte son chemin de croix. Celle que Frederico Veiroj choisit de laisser voir dans ce troisième film, à travers la candeur de son personnage principal (Alvaro Ogalla acteur non professionnel mais impliqué personnellement dans le scénario, et intimement persuadé de gagner son apostase!).
Sauf que c'est pas une mince affaire que de vouloir se faire effacer des fichiers de l'église catholique et apostolique (une fois bébé onctionné de l'eau du ciel!).
Même en France, c'est impossible, à l'ère de cette recherche éthique du consentement et à plus d'un siècle de la séparation église état ! Alors en pays Ibérique, on est encore plus admiratif de cette démarche... Et j'avoue que la thématique peu portée à l'écran m'a attirée comme abeille sa ruche. Pour avoir moi même tenté la même chose dans mon ex- paroisse (et simplement avoir obtenu la mention, 'a renié son baptême'!).
Et l'on découvre avec pas un sentiment de déjà vu, les affres techno de l'église, les méandres hiérarchiques de clercs pas cleans sur eux, infatués, procéduraux. L'on croise à plusieurs reprises un enfant de choeur frappé du voeu de silence (qu'on espère épargné des sévices que cette énorme institution sait produire).
Le héros choisit d'être dilettante sur ces études de philo mais pas sur l'ardent désir du reniement d'une religion porteuse de tyrannie à l'égal du rejet de sa névrose familiale (surtout maternelle), en vu de son émancipation (quoi de plus naturel! Freud aurait pas dénié).

Sa mère vue comme celle qui place le secret et le bluff comme valeur suprême, tout autant que les prélats, se repaissant de la pénombre de leurs alcôves...
On applaudit et on se régale de cette quête que le cinéaste mythifie sans une certaine dose de parodie et d'absurde, au son de Prokofiev et de punk basque. Ces monseigneurs lâcheront t'ils l'affaire ...?
C'est montré sans pesanteur, ni didactisme, au rythme de la nonchalance de cet étudiant semblant un peu largué pourtant profondément libre penseur!
On a plaisir à retrouver Barbara Lennie toujours aussi envoutante (cf la nina del fuego).

Goguengris
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le 16 mai 2016

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