Je ne vais pas mentir que Bollywood et moi ça fait deux parce que la guimauve, le gnan-gnan, la naïveté et l'eau de rose à son paroxysme, c'est pas comme si je trouvais ça ridicule mais c'est tout comme. Toutefois, il y eut le film "3 Idiots" qui parvint à me fermer le clapet à gros coups de bottines de sécurité droit dans les roubignoles avec le regard du sergent Hartman. Moi qui étais si fier d'avoir un coeur de pierre, de jouir de la noirceur et du désespoir au cinéma, voilà t'y pas que je finissais par KO face au "tout mignon". Persuadé que ce n'était qu'une exception, refusant de croire à cette engeance, vivant dans le déni et l'incompréhension, ma crainte d'un remake émotionnel se réalisa avec ce DDLJ, dans sa traduction française "L'amoureux emmènera sa bien-aimée".
Alors entendons nous bien ! Non je n'ai pas pleuré, non je n'ai pas été ému mais j'ai vraiment bien aimé l'odyssée de ces deux jeunes indiens perdus dans la jungle européenne. D'un côté, le type un peu lourdaud mais attachant, de l'autre la fille proprement superbe qui vous ferait bégayer dans la rue si elle vous demandait l'heure. Lui tombe amoureuse de la fille, elle, est soumise à l'autorité du patriarche qui l'a promise au fils de son ami. Dans une Inde conservatrice où les traditions familiales et la fierté parentale prennent le pas sur le bonheur de l'enfant, le film tire à boulets rouges sur les conventions et promeut la liberté des jeunes à pouvoir choisir leur partenaire sans se préoccuper du qu'en dira t'on. Ce film fleuve peut se décomposer en deux parties. La première se déroule durant leur voyage mouvementé où ils apprendront à se connaître mais surtout à se supporter (tout du moins pour la fille). Puis, vient l'irréparable : Simran tombe amoureuse de son Don Juan maladroit. Hélas, le père ne peut tolérer une autre union pour faire plaisir à son ami. C'est à partir de là que débutera la seconde partie où notre Raj tentera de s'insérer dans la famille de Simran avec comme but de l'emporter avec lui.
On ne va pas tourner autour du pot. On sent tout venir à des kilomètres et la fin on la connaît avant même que le générique de début ne se finisse. Et pourtant ! Pourtant, on se prend au jeu. DDLJ est agréable à regarder, bien rythmé et avec très peu de temps morts (ce qui n'est pas rien vu que c'est un défaut habituel du Bollywood de tirer en longueur). Tout juste accusera-t-on une toute dernière partie qui tient plus de la caricature qu'autre chose entre coups de poing dans le vide, gros plan sur le regard bien méchant de l'impitoyable padre et larmes sur larmes.
En conclusion, c'est la deuxième fois que Bollywood me surprend à mon grand dam sous son déluge d'émotions poussives. En espérant que le vieux dicton "jamais 2 sans 3" ne se réalise afin de me rassurer dans mon cynisme.