Belle découverte que celle de Dimanches, le premier long métrage d'un cinéaste trentenaire, Shokir Kholikov, originaire d'Ouzbékistan. L'on voit trop peu les films d'Asie centrale, en France, pour négliger cette œuvre pleine de finesse, qui impose son rythme au gré des saisons, autour d'un vieux couple qui comprend que son temps est passé. La modernité, qui se concrétise avec l'arrivée de nouveaux appareils (gazinière, téléviseur, réfrigérateur, téléphone) ou moyens de paiement, offerts par leurs fils intéressés, ils n'en ont pas besoin. Cette chronique d'un crépuscule est contée dans un mélange de délicatesse et de malice, avec un humour subtil qui se faufile aussi dans l'évocation des rapports entre le vieil homme, ombrageux, et son épouse, conciliante mais non dénuée de caractère, dans une vision espiègle des "valeurs" traditionnels du patriarcat. Plus qu'au cinéma de Ceylan ou de Ozu, auxquels Dimanches a été comparé, c'est du côté de certains films iraniens que l'on pourrait trouver un ton comparable. Toutefois, Kholikov, scénariste, réalisateur et monteur, possède son identité et son esthétique propres, avec une belle maîtrise, nourrie d'ellipses, d'un récit humble mais à l'humanité indiscutable.