Exodus
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J'vais encore me faire des amis sur ce coup là, tiens.
Bref, j'en ai rien à foutre, go.
Tous les gosses nés au début des années 90 et donc forcément abonnés au vidéos cassettes savent. Les bandes-annonces des futurs Disney y pullulaient, alors. Celle de Dinosaure ne put passer inaperçue, unique dans sa manière de condenser les premières minutes - extatiques - du long-métrage. Une promesse immense. Une promesse tenue.
Comme l'a souligné l'un de mes éclaireurs, les 8 premières minutes sont bel et bien à couper le souffle. Les histoires d'abandon ayant toujours trouvé une certaine résonnance à mon cœur, celle d'un œuf d'iguanodon atterrissant fortuitement sur une île de lémuriens ne pouvait que fonctionner, à mes yeux. Alors oui, le fameux moment de rupture qui voit les personnages se mettre à parler et rompre avec le silence intelligent nous oblige à quelques instants d'adaptation (voire une pointe de déception ? Quand on voit que le projet initial était censé demeurer muet).
Toutefois, cette désillusion passe bien vite, au profit d'une profusion de couleurs et de nouvelles techniques encore jamais utilisées par le studio pour donner la vie à ses protagonistes. Pour l'époque, la performance était déjà remarquée et remarquable, et je ne trouve pas grand-chose à redire sur le film, du début à la fin.
Pour une ancienne étudiante en archéologie comme moi (déjà évidemment fan de Jurassic Park dans mon enfance), revoir Dinosaure avec un regard plus adulte était une épreuve que je redoutais, autant que je l'attendais. Pourtant, cinq minutes après l'avoir lancé, j'avais déjà envie de chialer. L'émotion, oui (le premier qui rigole, j'vous jure...). Plus sérieusement, j'ai rarement vu un chef d'oeuvre de Disney aussi épique. Les scènes d'action ou de transition sont superbement réussies, transportées par une bande-son de James Newton Howard qui achève de le consacrer meilleur compositeur de films jeunesse.
Comprendre que c'est bien le début de la fin de l'ère du crétacé qui se dessine à l'écran donne tout son sens à cet exode forcé, ces épreuves aux accents de sécheresse, de manque d'eau, de nourriture et de carnivores, tout autant forcés à l'exil pour subsister. Un avertissement bien plus subtil que les films catastrophes d'aujourd'hui, tant l'humanisation réussie des reptiles géants peut réussir à nous impacter. L'espèce autrefois puissante s'éteint lentement, et si certaines zones demeurent encore intactes, de nombreuses pistes nous rappellent qu'il ne s'agit alors que d'un triste sursis. Le personnage d'Aladar compte à mes yeux parmi l'un des héros les plus attachants, intelligents et humains que j'ai pu voir dans un Disney (oui, même au-dessus de Milo Thatch, tout à fait).
Le doublage français est pour beaucoup dans la compensation de la déception, et même si Jamel Debbouze fait tâche, la catastrophe est moins pire que ce à quoi je m'attendais au revisionnage. Mention spéciale à Bruno Choël (Aladar) bien évidemment, au regretté Marc Alfos (Bruton), mais également à Richard Darbois (Kron) et Lily Baron (Baylene). On s'attache à ces personnages secondaires, et même aux connards en puissance comme Kron et Bruton.
Dinosaure, ce n'est pas juste un ratage comme certains ont pu le dire, par ailleurs. C'est avant tout une histoire de survie, de rédemption, de prises de conscience et de désespoir. Une marche vers l'avant qui finira par atteindre ses limites, mais dont Disney nous protège habilement, sans nous mentir totalement : la dernière réplique de Plio se montrant implicite.
Épique et ambitieux, j'en viendrais presque à espérer un jour une suite, même si cette dernière devait s'avérer plus noire que noire.
Bijou à chérir.
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Créée
le 14 mai 2017
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