Une femme de ménage éthiopienne et un ferrailleur syrien s'aiment d'amour tendre à Beyrouth. Un duo de réfugiés sentimentaux aux prises avec une xénophobie ambiante qui contrarie leur liberté de roucouler. Plutôt que de dramatiser leur situation, Dirty, difficult, dangerous, deuxième long-métrage de fiction du cinéaste libanais Wissam Charaf, table sur une certaine légèreté et un sens de l'absurde aiguisé, un peu en retrait, cependant, de ce que peut offrir un Elia Suleiman. Le film ne perd en effet jamais le sens des réalités, plutôt synonymes de difficultés pour les migrants au Liban, qu'ils le soient à cause de la guerre ou pour des raisons économiques. Il y a aussi dans le film une dimension fantastique, avec la peau du ferrailleur qui est rongée par un mystérieux pourrissement, comme un symbole du métal douloureux de l'exil. Ce sont en particulier les détails des petits travaux du quotidien, assez humiliants, qui font mouche dans Dirty, difficult, dangerous, relevés par l'humour, la mélancolie et l'humanité de personnages traités avec une exceptionnelle dignité. L'interprétation des deux "héros" est au niveau des intentions du scénario avec la très belle et talentueuse Clara Couturet et le non moins charmant et excellent Ziad Jallad. Le film a beau se ranger dans une veine minimaliste, il n'en a pas moins une résonance thématique et émotionnelle qui dépasse largement les frontières du Liban.