C'est toujours le même problème. Comment noter ces films qui ne manifestent rien d'autre que l'amateurisme fanatique de leurs créateurs, mais qui dans le même temps vous font marrer comme une baleine tout du long (même si ce n'était pas le but) ? Bon, là, un petit 4 me parait être un juste milieu. Disco Dancer a beau être culte dans le monde entier, et en particulier dans ses coins les plus pittoresques, il y a des choses que même la conception la plus laxiste du bon goût ne tolère pas, et le film les enfile comme des perles.
Malgré tout, je vais pas tirer sur l'ambulance. Disco Dancer est cinématographiquement à chier et tout le monde le sait, même ceux qui l'adorent. A part le chef op et le pauvre compositeur qui se fait allègrement charcuter ses compositions par le monteur son, pas grand monde sur le plateau ne devait connaître grand chose au métier.
Tiens, tant qu'on parle de la musique, j'en profite. Bon, elles ont le mérite (ou l'inconvenance) de vite rentrer dans la tête. C'est peut-être un peu parce que les refrains s'enchaînent en boucle ad nauseam. Surtout la première, "Goro Kin Na Ché Pa Kwa", qui reste la seule que je trouve potable dans le film et la seule sur laquelle j'envisagerais peut-être de chanter à tue-tête lors d'une soirée karaoké qui je l'espère n'arrivera jamais. Pour le reste, c'est quand même furieusement long et répétitif - d'ailleurs le film peinerait à dépasser les 10 minutes sans ses chansons - et on se demande même parfois où est le disco.
Bon voilà, c'est nul, les acteurs jouent comme des culs, et pourtant comme je l'ai dit, les occasions de se fendre la poire sont nombreuses, que ce soit par méchanceté ou par compassion. Car il y a évidemment ce décalage entre le premier degré avoué et le ridicule du résultat, le propre des grands nanars. Comment résister devant ces chorégraphies honteuses qui semblent improvisées sur le moment par des acteurs qui ne savent pas mieux danser que vous et moi ? Comment rester insensible à ces 3/4 scènes de baston inénarrables de médiocrité qui confirment que Bollywood c'est quand même mieux quand y'a de l'action ?
J'ai honte mais j'ai même ri à la mort de la mère tellement c'était mal foutu.
Mais au-delà de l'hilarité, il y a quelque chose d'indéfinissable qui se produit, une sorte de fascination étrange qui opère devant ce spectacle rétrograde. Ce n'est même pas du kitsch. Le kitsch est au niveau de la mer, Disco Dancer c'est la pointe du Kilimandjaro. Non, réellement, je saurais pas dire pourquoi, mais on en vient à être ému, in extremis, du destin de Jimmy (le pauvre prend quand même cher). Peut-être que c'est cette mignonne petite leçon d'optimisme qui invite à rester debout dans les moments difficiles, même lorsque l'on assiste à ce qui doit être le pire concours disco de l'univers.
Peut-être est-ce aussi la faute à ce galopin de sous-titreur qui s'est occupé du DVD. Grâce à son subtil mélange de Google Translate et d'euphémismes ("Bastard !!!" se transforme en un désopilant "Coquin !!!!"), il a sans nul doute ajouté la touche finale à un film qui n'en avait décidément pas besoin.