Enfin un beau film social

Nous sommes dans la communauté des ouvriers guatémaltèques, une main-d’œuvre étrangère corvéable à merci, soumise à des accords passés entre le gouvernement canadien et des pays du Tiers-monde pour pallier au manque de bras dans les champs ou les usines de transformation alimentaire. C’est une histoire qui peut se passer dans n’importe quel autre pays du monde occidental.

Pour satisfaire aux exigences de rentabilité d’une multinationale basée à l’étranger (en France en l’occurrence), le gérant (Marc-André Grondin) d’une usine québécoise n’a d’autre choix que d’exiger toujours plus de ses ouvriers pour des salaires toujours plus réduits, quitte à faire fi de la sécurité et de la dignité.

Toute la force de conviction repose sur le personnage d’Ariane (Ariane Castellanos). En proie à une situation financière instable, elle accepte ce poste de traductrice dans cette entreprise dirigée par un homme qu’elle pense bien connaître, puisqu’il s’agit d’un de ses anciens camarades de classe. Si au début elle accepte de se plier à ses ordres, elle finit par ne plus pouvoir rester aveugle aux mauvais traitements infligés aux travailleurs expatriés et à la somme d’injustices et d’humiliations qu’ils subissents, au risque de perdre son emploi.

La mise en scène est remarquablement anxiogène, chacun est prisonnier d’un engrenage dont il ne peut s’extraire.

Le film dénonce un système assassin tant physiquement que mentalement sans vilipender des êtres que le scénario s’attache à ne jamais décrire de façon manichénne. La caméra, toujours en mouvements, scrute dans les moindres détails les expressions d’Ariane, dont l’interprétation généreuse atténue l’horreur de la situation et crée une profonde empathie , tandis que Marc-André Grondin campe avec brio un patron antipathique mais sous pression, que l’on ne parvient cependant pas totalement à détester.

Une très remarquable œuvre militante, inspirée de faits réels, qui offre une authentique réflexion sur le sens que nous souhaitons donner à nos sociétés occidentales