- Les Altruistes... Qu'est-ce que vous avez contre les miroirs ?
- Nous condamnons la vanité.
- Ouais, je sais. Assieds-toi.
- Je m'appelle Tori. Je supervise ton test. Tu vas être confrontée à des choix testant tes aptitudes pour chaque faction jusqu'à obtenir un seul résultat. Ne t'inquiète pas. 95% des testés obtiennent leur faction d'origine, et vu ton style...
Bienvenue chez les Audacieux !
Divergente de Neil Burger est l'adaptation cinématographique du best-seller dystopique de Veronica Roth "Divergent". Une œuvre qui à l'époque tente de surfer sur la vague des adaptations du genre littéraire destinée aux adolescents, initié par « Twilight » et davantage exploité par « Hunger Games », auquel Divergente emprunte beaucoup. Le récit s'établit dans un Chicago futuriste post-apocalyptique qui pour survivre à la destruction d'une terrible guerre dont on ignore encore la source obéit à une infrastructure bien précise. Un cadre de vie orchestré en des temps reculés par les Fondateurs ayant pour essence de découper la personnalité même de l'être humain pour en immobiliser les penchants mauvais jusqu'à les supprimer du code génétique. Pour ce faire, les survivants furent catégorisés en cinq factions. Un système mis en place depuis la Grande Paix et qui sera à l'origine d'une société où chacun est prédestiné à faire partie d'une caste au rôle bien défini et à la mentalité bien précise, si bien qu'ils ne sont définies que par cela :
- Les Altruistes : « En ne pensant qu'à moi, je cours à ma perte ».
Les Altruistes placent l'entraide au-dessus de tout en étant totalement vouée à aider les autres. Ils sont généreux et condamnent l'égoïsme jusqu'au culte de soi au point de s'interdirent des miroirs. Vêtus de tenues pittoresques uniques, ils mènent une vie détachée des distractions et du moindre luxe. Un art de vivre entièrement fait de pénitence au point d'être à la tête du gouvernement. Ils sont généreux mais coincés, ce qui leurs vos comme surnom : "pète-sec".
- Les Audacieux : « Un esprit sans peur, un courage sans conditions, et la défense des plus faibles pour mission ».
Les Audacieux placent l'action au-dessus de tout. Ils sont des guerriers courageux, impulsifs, intrépides, libres et cools. Ils sont les protecteurs, les soldats et la police des factions auxquelles ils doivent une neutralité totale en apportant une force de dissuasion contre les menaces intérieures et extérieures. Ils sont forts mais têtes brûlées.
- Les Érudits : « Contre le conflit, une solution : le savoir. L'intelligence au service du progrès ».
Les Érudits placent l'intelligence au-dessus de tout. Ils sont les scientifiques et les ingénieurs de la cité. Ils privilégient la connaissance et la logique. Ils savent tout. Ils sont éclairés mais suffisants.
- Les Sincères : « Le mensonge engendre le mal. La vérité engendre l'union ».
Les Sincères placent la sincérité au-dessus de tout. Ils sont les juristes et les gardiens de l'ordre. Ils prônent l'honnêteté et la vérité même quand il ne le faudrait pas, si bien qu'ils sont les garants de la justice. Francs du colliers, mais blessants.
- Les Fraternels : « Solidarité, pardon, confiance, et bonté ».
Les Fraternels placent l'amour au-dessus de tout. Ils fournissent à la Société les récoltes en gérant l'agriculture. Gentils, pacifiques et toujours heureux, ils vivent en harmonie avec la nature : des hippies. Ils sont inoffensifs, mais trop apathiques.
Une conception catégorique à l'origine d'une lobotomie à grande échelle synonyme de paix durable. À l'âge de seize ans, les adolescents sont soumis à un test, durant la cérémonie du "Choix" qui va leur indiquer selon leur aptitude et leur caractère, la faction la plus propice pour eux. Une étape essentielle durant laquelle le participant peut malgré le résultat du test choisir la faction qu'il désire. Un choix unique et primordial auquel il est impossible de se soustraire sous peine de devenir un Sans-factions. Les Sans-factions sont les rejeter de la société. Des sans-abri sans droit vivant dans la partie ruinée de Chicago. C'est dans ce contexte que l'on découvre Beatrice Prior (Shailene Woodley), une Altruiste qui durant le test du Choix va se retrouver devant un cas exceptionnel, puisque son test d'aptitude n'est pas concluant. Le résultat révèle qu'elle appartient à toutes les factions : elle est Divergente. Les Divergents sont des individus rares possédant les caractéristiques de plusieurs factions à la fois ce qui les pousse à agir autrement et à remettre en question tout le fondement de cette société. Leur esprit ne pouvant être dirigé en fonction de leur faction, ils peuvent penser indépendamment : imprévisibles et incontrôlables. Ils menacent l'équilibre de la cité et sont traqués par l'ensemble des factions. Une conclusion inattendue pour la pauvre Tris qui va pouvoir compter sur le mutisme de Tori (Maggie Q), la testeuse, pour garder secret les résultats. Durant la cérémonie, Tris décide finalement de quitter la faction des Altruistes pour celle des Audacieux. Une décision risquée puisque les Audacieux sont les agents en charge de l'éradication des Divergents. Une posture difficile pour notre héroïne qui va devoir jouer sur plusieurs tableaux pour survivre. Un conte de science-fiction sur une jeune femme qui tente de s'émanciper d'un système politique autoritaire.
« Tout fonctionne. Chacun connaît sa place. À part moi. »
On retrouve les thèmes chers aux adolescents avec une romance amoureuse, un amour interdit, l'émancipation familiale, le refus de soumission aux règles, la catégorisation, l'élévation spirituelle... Pour autant, le film fait bon usage des divers éléments pour en faire un divertissement édifiant qui met savamment en avant les problèmes moraux et sociétaux de cet univers. Un bon scénario qui échoue à quelques endroits à cause d'une narration qui s'étire un peu mais qui ne commet jamais la bêtise d'être une attraction idiote. Une réussite que l'on doit à une histoire bien construite qui réussit à ne pas tomber dans un cliché grotesque en proposant une romance intelligemment diluée à travers un script hautement dramatique et étonnamment implacable avec son héroïne qui va passer par des moments extrêmement rudes et difficiles. Un périple beaucoup plus mature que ce que l'on aurait pu attendre offrant une structure palpitante et addictive autour de son héroïne. Un personnage principal qui gravite dans un contraste politique étonnamment adulte apportant une formule intrigante dont on aurait tout de même apprécié un peu plus de précisions, sachant que le film est déjà long (139 minutes), ce qui laisse suggérer que certaines scènes inutiles auraient pu être remplacées par d'autres.
La peur ne te paralyse pas elle te réveille.
Divergente est un long-métrage plein de rebondissements avec une action servie avec ingéniosité autour de l'initiation chez les Audacieux. Une étape obligée durant laquelle les natifs et les transferts sont séparés pour laisser place à un apprentissage qui prépare les novices d'une manière spécifique à transcender le physique, l'affectif et le mental. Des heures d'entraînement violent sur une sélection impitoyable qui élimine les plus faibles pour en faire des Sans-factions. Une première moitié qui offre des bons moments de tension et de nombreuses surprises comme lorsqu'ils doivent sauter depuis un train en marche, faire le test du grand saut, l'épreuve du lancé de couteaux, les entraînements au corps-à-corps, la capture du drapeau... Des petites séquences renversantes et spectaculaires viennent se greffer comme lors de la tyrolienne. S'ensuit la menace principale autour d'un complot abominable articulé sur le génocide d'une faction. Un moment intense qui va entraîner son lot de conséquences. On est absorbé devant cette virevolte scénaristique qui va entraîner d'excellentes confrontations physiques, notamment lors du duel final entre Tris et son bien-aimé "Quatre" (Theo James). Seules les séquences de fusillades manquent d'impacts ce qui est regrettable au vu du reste. En définitive, un bon film d'action.
La réalisation est bonne et s'articule sur une mise en scène énergique qui dresse une mythologie intéressante autour de la structuration de son environnement. Une ville dystopique de Chicago composée d'immeubles abandonnés et de quartiers en ruine avec une grande roue en son centre que les gros plans utilisent avec ingéniosité en arrière-plan. L'immense clôture qui protège la ville des factions du monde extérieur qui a été ravagé par la guerre interroge quant à savoir si les survivants de Chicago sont les seuls et si la menace ne viendrai pas d'ailleurs. L'on découvre la "Fosse", le repaire des Audacieux qui prend forme dans une immense grotte souterraine avec un profond gouffre en son cœur. Un lieu saisissant et symbolique : « Ce gouffre nous rappelle que la frontière est mince entre le courage et la bêtise. » Joli travail autour des costumes qui collent bien avec les différentes factions. Très bon travail autour de la composition musicale signée Junkie XL qui s'est occupé de la musique avec comme producteur Hans Zimmer. Des noms alléchants qui donnent envie de découvrir en profondeur les nombreux titres que compte Divergente. À noter que de nombreuses chansons sont également disponibles avec divers artistes ayant participé. Des chansons qui ne collent pas toujours avec le récit proposé mais qui restent appréciables avec d'autres propositions plus convaincantes comme l'envoûtante "Dead In The Water", la superbe "Breaking Heart", l'imprégnant "I Love You", ou encore l'excellente et percutante "Run Boy Run". Un travail surprenant et innatendu.
Les performances des personnages principaux sont solides :
Shailene Woodley en tant que Beatrice Prior alias "Tris", offre une performance convaincante.
« Quand on a peu de possessions, peu de désirs et que tout le monde a la même chose, on ne convoite pas les biens des autres. »
Les passages durant son initiation chez les Audacieux sont crédibles car elle a beaucoup de mal à se défaire de ses vieux réflexes d'Altruiste, chez qui elle ne se sent pas à sa place. Elle offre des moments chargés en émotions fortes.
Theo James pour Tobias Eaton, dit "Quatre", est un excellent.
« Je crois aux actes de courage ordinaire, au courage qui pousse une personne à prendre la défense d’une autre. »
Il incarne avec charisme et conviction son rôle si bien qu'on a du mal à imaginer quelqu'un d'autre pour incarner ce personnage. Il offre un duo convaincant à Shailene Woodley, avec qui il forme un couple crédible autant dans les scènes romantiques que mouvementées. La dynamique entre les deux protagonistes principaux fonctionne bien avec un premier baiser étonnamment convaincant.
« - Quatre, quatre peurs.
- Aujourd’hui comme hier, je les affronte sans arrêt, on s’en débarrasse jamais.
[Silence]
- J’ai une question à te poser.
- Vas-y.
- C’est quoi ton tatouage ?
- Tu veux le voir ?
[Silence]
- C’est fantastique… Les factions, pourquoi elles sont toutes ensemble ?
- Parce que je ne veux pas me limiter, ça serait impossible. Je veux être brave, désintéressé, intelligent, honnête et indulgent. Je travaille encore sur l’indulgence. [Sourire]
[Ils s’embrassent]
- Je ne veux pas qu’on aille trop vite.
- T’en fais pas… j’ai déjà trouvé ma place sur le plancher. [Sourire] »
Un constat surprenant pour un film spécial adolescents. Faut dire que les dialogues sont assez bien formulés et aident à rendre le contenu digeste.
La distribution secondaire est solide avec Miles Teller dans le rôle de Peter Hayes un transfert des Sincères vers les Audacieux, un véritable enfoiré. Zoë Kravitz en tant que Christina une autre transfert des Sincères vers les Audacieux, en tant que meilleure amie de Tris s'en sort très bien. Les parents de Tris "Andrew" par Tony Goldwyn et "Natalie" par Ashley Judd sont excellents. Caleb le frère jumeau de Tris par Ansel Elgort est convaincant. Côté antagoniste on est plutôt bien servi avec Jai Courtney sous les traits d'Eric, un des leaders des Audacieux. Un soldat fort et impitoyable qui offre une bonne dualité à Quatre, même de on regrette un peu sa conclusion anecdotique pour ce premier film. Arrive enfin le cerveau diabolique incarné par Kate Winslet en tant que Jeanine Matthews, chef des Erudits qui propose une performance redoutable. La comédienne est habitée par son personnage, une Hitler au féminin. Les comédiens ont su montrer l'intérêt de leur personnage, même les secondaires.
CONCLUSION :
Divergente réalisée par Neil Burger est une adaptation cinématographique convaincante du best-seller dystopique de Veronica Roth. Un film généreux articulé autour d'une histoire qui se tient bien malgré quelques trous dans le rythme qui n'empêche nullement de profiter d'un récit haletant. Un long-métrage divertissant bénéficiant d'une réalisation de qualité notamment dans son élaboration musicale avec des acteurs qui finissent de convaincre malgré l'aspect adolescent à l'eau de rose.
Une première entrée en scène satisfaisante !
- En général, je travaille dans le Renseignement mais pendant votre entraînement je serai votre instructeur. Je m'appelle Quatre.
- Quatre, comme le chiffre ?
- Exactement. Comme le chiffre.
- Tu t'étais fait griller par un, deux et trois ?
- Comment tu t'appelles ?
- Christina.
- Eh bien... Christina... La première leçon que tu apprendras de moi, si tu veux survivre ici, c'est de fermer ta gueule. Est-ce que c'est clair ?